Article de Périodique
Hépatotoxicité induite par la cocaïne : aspects cliniques, histologiques et analytiques (2024)
(Cocaine hepatotoxicity: Clinical, histological and analytical aspects)
Auteur(s) :
B. TALBI ;
E. BERLAND ;
P. MORA ;
M. D. PIERCECCHI ;
J. BECAM ;
L. POCHARD ;
C. SOLAS ;
A. L. PELISSIER-ALICOT ;
N. FABRESSE
Article en page(s) :
75-81
Sous-type de document :
Etude de cas / Case report
Refs biblio. :
26
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Langue(s) :
Français
Discipline :
PAT (Pathologie organique / Organic pathology)
Thésaurus géographique
FRANCE
Thésaurus mots-clés
ETUDE DE CAS
;
FOIE
;
TOXICITE
;
COCAINE
;
HISTOLOGIE
;
ANALYSE CHIMIQUE
;
TOXICOLOGIE
;
ALCOOL
;
SEXE FEMININ
;
AUTOPSIE
;
INTOXICATION
Résumé :
FRANÇAIS :
Cet article décrit un cas rare mais grave de toxicité hépatique induite par la cocaïne. La patiente, une femme de 21 ans avec des antécédents de schizophrénie, de dépendance au cannabis et à la cocaïne et de consommation d'éthanol, a présenté une crise convulsive suivie de deux arrêts cardiaques. Son état s'est rapidement détérioré, révélant une cytolyse hépatique avec insuffisance hépatocellulaire, une rhabdomyolyse et une insuffisance rénale aiguë. Malgré une prise en charge médicale adaptée, elle est décédée d'une défaillance multiviscérale 41heures après l'admission. Suite à l'autopsie, l'examen histologique du foie a révélé la présence d'une stéatose microvésiculaire (80 %) et macrovésiculaire (20 %) avec des zones de nécrose. Les analyses toxicologiques réalisées dans le sang à l'admission ont révélé la présence de cocaïne (339ng/mL), benzoylecgonine, ecgonine méthylester, cocaéthylène et lévamisole. Les concentrations en cocaïne retrouvées dans les prélèvements post-mortem sont de 105ng/mL dans le sang périphérique, 21ng/mL dans le sang cardiaque et 76ng/mL dans l'humeur vitrée. La toxicité hépatique de la cocaïne est consécutive à la production d'espèces réactives de l'oxygène via le métabolisme oxydatif microsomal. Celle-ci est plus fréquente chez les usagers de cocaïne exposés à des inducteurs enzymatiques, en particulier l'éthanol, comme dans le cas décrit ici. À la connaissance des auteurs, il s'agit du premier cas associant les données cliniques, biologiques et histologiques aux concentrations sanguines de cocaïne en pré- et post-mortem.
ENGLISH:
This article describes a rare but serious case of cocaine-induced liver toxicity. The patient, a 21-year-old woman with a history of schizophrenia, cannabis and cocaine addiction and ethanol consumption, presented with a seizure followed by two cardiac arrests. Her condition deteriorated rapidly, revealing hepatic cytolysis with hepatocellular failure, rhabdomyolysis and acute renal failure. Despite appropriate medical care, she died of multi-organ failure 41hours after her hospitalization. Following the autopsy, the histological examination of the liver revealed the presence of microvesicular (80%) and macrovesicular (20%) steatosis with areas of necrosis. The toxicological analyzes performed on the blood on admission revealed the presence of cocaine (339ng/mL), benzoylecgonine, ecgonine methyl ester, cocaethylene and levamisole. The cocaine concentrations found in the post-mortem samples are 105ng/mL in the peripheral blood, 21ng/mL in the cardiac blood and 76ng/mL in the vitreous humor. Hepatic toxicity of cocaine is secondary to the production of reactive oxygen species via microsomal oxidative metabolism. This complication is more frequent among cocaine users exposed to enzyme inducers, particularly ethanol. To the knowledge of the authors, this is the first case associating clinical, biological and histological data with pre- and post-mortem cocaine blood concentrations.
Cet article décrit un cas rare mais grave de toxicité hépatique induite par la cocaïne. La patiente, une femme de 21 ans avec des antécédents de schizophrénie, de dépendance au cannabis et à la cocaïne et de consommation d'éthanol, a présenté une crise convulsive suivie de deux arrêts cardiaques. Son état s'est rapidement détérioré, révélant une cytolyse hépatique avec insuffisance hépatocellulaire, une rhabdomyolyse et une insuffisance rénale aiguë. Malgré une prise en charge médicale adaptée, elle est décédée d'une défaillance multiviscérale 41heures après l'admission. Suite à l'autopsie, l'examen histologique du foie a révélé la présence d'une stéatose microvésiculaire (80 %) et macrovésiculaire (20 %) avec des zones de nécrose. Les analyses toxicologiques réalisées dans le sang à l'admission ont révélé la présence de cocaïne (339ng/mL), benzoylecgonine, ecgonine méthylester, cocaéthylène et lévamisole. Les concentrations en cocaïne retrouvées dans les prélèvements post-mortem sont de 105ng/mL dans le sang périphérique, 21ng/mL dans le sang cardiaque et 76ng/mL dans l'humeur vitrée. La toxicité hépatique de la cocaïne est consécutive à la production d'espèces réactives de l'oxygène via le métabolisme oxydatif microsomal. Celle-ci est plus fréquente chez les usagers de cocaïne exposés à des inducteurs enzymatiques, en particulier l'éthanol, comme dans le cas décrit ici. À la connaissance des auteurs, il s'agit du premier cas associant les données cliniques, biologiques et histologiques aux concentrations sanguines de cocaïne en pré- et post-mortem.
ENGLISH:
This article describes a rare but serious case of cocaine-induced liver toxicity. The patient, a 21-year-old woman with a history of schizophrenia, cannabis and cocaine addiction and ethanol consumption, presented with a seizure followed by two cardiac arrests. Her condition deteriorated rapidly, revealing hepatic cytolysis with hepatocellular failure, rhabdomyolysis and acute renal failure. Despite appropriate medical care, she died of multi-organ failure 41hours after her hospitalization. Following the autopsy, the histological examination of the liver revealed the presence of microvesicular (80%) and macrovesicular (20%) steatosis with areas of necrosis. The toxicological analyzes performed on the blood on admission revealed the presence of cocaine (339ng/mL), benzoylecgonine, ecgonine methyl ester, cocaethylene and levamisole. The cocaine concentrations found in the post-mortem samples are 105ng/mL in the peripheral blood, 21ng/mL in the cardiac blood and 76ng/mL in the vitreous humor. Hepatic toxicity of cocaine is secondary to the production of reactive oxygen species via microsomal oxidative metabolism. This complication is more frequent among cocaine users exposed to enzyme inducers, particularly ethanol. To the knowledge of the authors, this is the first case associating clinical, biological and histological data with pre- and post-mortem cocaine blood concentrations.
Affiliation :
Laboratoire de pharmacocinétique et de toxicologie, Aix Marseille université, CHU de la Timone, AP-HM, Inserm, UMR 1252, Marseille, France