Article de Périodique
Les lesbiennes se droguent-elles davantage ? Les effets de l'(hétéro)sexualité sur la consommation de produits psychoactifs (2022)
(Do lesbians use more substance? How (hetero)sexuality affects substance use)
Auteur(s) :
ECHED, Y. ;
MARSICANO, E.
Année :
2022
Page(s) :
69-80
Langue(s) :
Français
Refs biblio. :
16
Domaine :
Alcool / Alcohol ; Autres substances / Other substances ; Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
EPI (Epidémiologie / Epidemiology)
Thésaurus géographique
FRANCE
Thésaurus mots-clés
HETEROSEXUEL
;
MINORITE
;
SEXUALITE
;
SEXE FEMININ
;
BISEXUEL
;
ETUDE TRANSVERSALE
;
ALCOOL
;
PRODUIT ILLICITE
;
CANNABIS
;
MEDICAMENTS
;
PSYCHOTROPES
;
PROFIL SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
;
PARTENAIRE SEXUEL
;
PREVALENCE
Résumé :
FRANÇAIS :
Introduction : La majorité des travaux portant sur la santé des populations lesbiennes, gays, bisexuelles ou trans (LGBT) s'intéresse en réalité à la santé des hommes et se focalise sur l'altérité hétérosexuelle/homosexuelle, sans prise en compte de leurs pratiques ni de leurs trajectoires.
But de l'étude : Dans cet article, nous nous intéressons à la consommation de produits psychoactifs parmi les lesbiennes et les femmes bisexuelles. À partir de l'analyse secondaire de l'Enquête presse gays et lesbiennes (Institut de veille sanitaire, 2011), cet article ambitionne d'analyser le lien entre l'orientation sexuelle des répondantes et la consommation de produits psychoactifs.
Résultats : Nos résultats montrent que, chez les femmes homo-bisexuelles, la sexualité avec des partenaires masculins est associée à des niveaux de consommation augmentés de produits psychoactifs illégaux. Cela n'est cependant pas vérifié lorsqu'il s'agit de médicaments. Concernant l'alcool, les niveaux de consommation suivent un gradient correspondant au nombre des partenaires, quel que soit leur sexe. En revanche, l'identification sexuelle n'est pas un indicateur pertinent pour interpréter les niveaux de consommation, quel que soit le produit consommé. Cela suggère que la bisexualité n'est pas en soi un facteur de consommation.
Conclusions : Ces résultats invitent à nuancer les liens couramment faits entre orientation sexuelle et consommation augmentée de produits psychoactifs. Non seulement les niveaux de consommation ne sont pas les mêmes selon les produits, mais ils dépendent aussi du sexe et des indicateurs de sexualité retenus. En particulier en ce qui concerne les femmes bisexuelles, cela conduit à nuancer l'hypothèse d'un lien entre une double discrimination, de la part de leurs partenaires masculins et féminines, et leur niveau de consommation de produits psychoactifs. En raison du poids des structures hétérosexistes, la sexualité avec des hommes constitue un déterminant important des pratiques de consommation de produits psychoactifs au sein des minorités sexuelles.
ENGLISH:
Introduction: Most of the data addressing LGBT populations are adressing gay men's health and focuses on the heterosexual/homosexual alterity without considering their practices nor their trajectories.
Purpose of research: In this article, we are looking into psychoactive substances use among lesbian and bisexual women. Based on an analysis of the Lesbian and Gay Press Survey (INVS, 2011), this paper aims to analyze the substance use of these populations, while discussing the categories used to describe them.
Results: Our results show that sexuality with male partners is associated with increased levels of consumption of illegal psychoactive products. However, this is not true for prescripted drugs. With regard to alcohol, consumption levels follow a gradient corresponding to the number of partners, regardless of their sex. However, sexual identification is not a relevant indicator for interpreting substance use, whatever the product consumed which suggest bisexuality is not associated, per se, with increased levels of substance abuse.
Conclusions: These results suggest that the links commonly made between sexual orientation and increased consumption of psychoactive products should be discussed. Not only are consumption levels different for different products, but they also depend on gender and sexuality indicators. Because of the weight of heterosexist structures, sexuality with men is an important determinant of psychoactive product use among sexual minorities. Particularly with regard to bisexual women, this leads to discuss the link between a double discrimination, from their male and female partners, and their level of consumption of psychoactive products.
Introduction : La majorité des travaux portant sur la santé des populations lesbiennes, gays, bisexuelles ou trans (LGBT) s'intéresse en réalité à la santé des hommes et se focalise sur l'altérité hétérosexuelle/homosexuelle, sans prise en compte de leurs pratiques ni de leurs trajectoires.
But de l'étude : Dans cet article, nous nous intéressons à la consommation de produits psychoactifs parmi les lesbiennes et les femmes bisexuelles. À partir de l'analyse secondaire de l'Enquête presse gays et lesbiennes (Institut de veille sanitaire, 2011), cet article ambitionne d'analyser le lien entre l'orientation sexuelle des répondantes et la consommation de produits psychoactifs.
Résultats : Nos résultats montrent que, chez les femmes homo-bisexuelles, la sexualité avec des partenaires masculins est associée à des niveaux de consommation augmentés de produits psychoactifs illégaux. Cela n'est cependant pas vérifié lorsqu'il s'agit de médicaments. Concernant l'alcool, les niveaux de consommation suivent un gradient correspondant au nombre des partenaires, quel que soit leur sexe. En revanche, l'identification sexuelle n'est pas un indicateur pertinent pour interpréter les niveaux de consommation, quel que soit le produit consommé. Cela suggère que la bisexualité n'est pas en soi un facteur de consommation.
Conclusions : Ces résultats invitent à nuancer les liens couramment faits entre orientation sexuelle et consommation augmentée de produits psychoactifs. Non seulement les niveaux de consommation ne sont pas les mêmes selon les produits, mais ils dépendent aussi du sexe et des indicateurs de sexualité retenus. En particulier en ce qui concerne les femmes bisexuelles, cela conduit à nuancer l'hypothèse d'un lien entre une double discrimination, de la part de leurs partenaires masculins et féminines, et leur niveau de consommation de produits psychoactifs. En raison du poids des structures hétérosexistes, la sexualité avec des hommes constitue un déterminant important des pratiques de consommation de produits psychoactifs au sein des minorités sexuelles.
ENGLISH:
Introduction: Most of the data addressing LGBT populations are adressing gay men's health and focuses on the heterosexual/homosexual alterity without considering their practices nor their trajectories.
Purpose of research: In this article, we are looking into psychoactive substances use among lesbian and bisexual women. Based on an analysis of the Lesbian and Gay Press Survey (INVS, 2011), this paper aims to analyze the substance use of these populations, while discussing the categories used to describe them.
Results: Our results show that sexuality with male partners is associated with increased levels of consumption of illegal psychoactive products. However, this is not true for prescripted drugs. With regard to alcohol, consumption levels follow a gradient corresponding to the number of partners, regardless of their sex. However, sexual identification is not a relevant indicator for interpreting substance use, whatever the product consumed which suggest bisexuality is not associated, per se, with increased levels of substance abuse.
Conclusions: These results suggest that the links commonly made between sexual orientation and increased consumption of psychoactive products should be discussed. Not only are consumption levels different for different products, but they also depend on gender and sexuality indicators. Because of the weight of heterosexist structures, sexuality with men is an important determinant of psychoactive product use among sexual minorities. Particularly with regard to bisexual women, this leads to discuss the link between a double discrimination, from their male and female partners, and their level of consumption of psychoactive products.
Affiliation :
Campus Condorcet, Aubervilliers, France
Université de Strasbourg, France
Université de Strasbourg, France