Livre
Puissance des psychotropes, pouvoir des patients
(Strength of the psychotropic drugs, power of the patients)
Auteur(s) :
PIGNARRE, P.
Année :
1999
Page(s) :
148 p.
Langue(s) :
Français
Éditeur(s) :
Paris : PUF
Collection :
Science, Histoire et Société
ISBN :
978-2-13-049854-4
Refs biblio. :
81
Domaine :
Autres substances / Other substances
Discipline :
SAN (Santé publique / Public health)
Thésaurus mots-clés
MEDICAMENTS
;
PSYCHOTROPES
;
PLACEBO
;
CANNABIS
;
PRISON
;
SUIVI DU PATIENT
Thésaurus géographique
FRANCE
Note générale :
Paris, PUF, 1999, (Coll. Science, Histoire et Société), 148 p.
Résumé :
FRANÇAIS :
Philippe Pignarre part d'un problème philosophique qui a hanté la pensée depuis ses commencements : qu'est-ce que cette substance chimique qui modifie le psychisme ? En règle générale, pour évaluer un médicament, le laboratoire recourt à la ruse du placebo (le laboratoire des études contre placebo ou laboratoire du double insu) :l'action d'une substance chimique est comparée à ce que donnerait u leurre qui, en tout point, simulerait le vrai médicament. Le patient, comme le prescripteur, doivent ignorer cette ruse. Mais, en toute hypothèse, on ne saurait se contenter de ce genre d'expérimentation avec les psychotropes. Philippe Pignarre nous montre, sur des exemples, comment et pourquoi cette procédure est entravée. Ainsi, la marijuana (à la fois remède et drogue) est souvent "fumée" ; comme telle, elle ne peut pas faire l'objet de ce type d'épreuve ; elle passe directement dans le sang ; on a cru la remplacer par une gélule qui enfermait le principe actif (le THC) mais la plante, elle-même en contient 460 autres, ce qui déroute encore l'expérimentateur. Impossible d'étudier autant de variables ! Philippe Pignarre nous montre encore que, si nous analysons le psychotrope dans un milieu donné (la prison par exemple), nous devons renoncer à nos critères ou nos exigences habituels. Nous allons même assister à un jeu étrange : l'incarcéré utilise le psychotrope ou le détourne, afin d'empêcher l'abord psychologique du psychiatre ; il parvient ainsi à décider de la prescription. Dans l'expérience traditionnelle dit placebo - au demeurant indispensable, par quelque côté, à l'évaluation des substances organiques - nous ne comptions que l'expérimentateur et le médicament en puissance. Avec le psychotrope, ne devons-nous pas, plus particulièrement, introduire l'opérateur décisif, le patient lui-même qui parvient à brouiller le processus ? Mais le pire est à venir : la non-compliance (c'est-à-dire la non-adhésion au traitement, son arrêt ou même son refus) qui signe le désaccord entre ceux qui prescrivent et ceux qui consomment. Souvent, l'apparition d'effets secondaires désagréables l'emporte et explique la suspension médicamenteuse. Philippe Pignarre en profite pour développer l'idée (originale) qui lui appartient et qui ressort de ce qui précède : celle de l'importance du malade, vu jusqu'alors comme trop passif, comme un être affaibli et soumis, alors qu'il convient de le tenir pour un expert capable de résister aux experts. L'auteur a réussi à désenclaver la médecine ou la psychiatrie, l'ouvrir à d'autres disciplines (l'anthropologie voire l'ethnopsychiatrie, ici, plus particulièrement, la sociologie dynamique des consommateurs ou même des prescripteurs). (Extrait du document)
Philippe Pignarre part d'un problème philosophique qui a hanté la pensée depuis ses commencements : qu'est-ce que cette substance chimique qui modifie le psychisme ? En règle générale, pour évaluer un médicament, le laboratoire recourt à la ruse du placebo (le laboratoire des études contre placebo ou laboratoire du double insu) :l'action d'une substance chimique est comparée à ce que donnerait u leurre qui, en tout point, simulerait le vrai médicament. Le patient, comme le prescripteur, doivent ignorer cette ruse. Mais, en toute hypothèse, on ne saurait se contenter de ce genre d'expérimentation avec les psychotropes. Philippe Pignarre nous montre, sur des exemples, comment et pourquoi cette procédure est entravée. Ainsi, la marijuana (à la fois remède et drogue) est souvent "fumée" ; comme telle, elle ne peut pas faire l'objet de ce type d'épreuve ; elle passe directement dans le sang ; on a cru la remplacer par une gélule qui enfermait le principe actif (le THC) mais la plante, elle-même en contient 460 autres, ce qui déroute encore l'expérimentateur. Impossible d'étudier autant de variables ! Philippe Pignarre nous montre encore que, si nous analysons le psychotrope dans un milieu donné (la prison par exemple), nous devons renoncer à nos critères ou nos exigences habituels. Nous allons même assister à un jeu étrange : l'incarcéré utilise le psychotrope ou le détourne, afin d'empêcher l'abord psychologique du psychiatre ; il parvient ainsi à décider de la prescription. Dans l'expérience traditionnelle dit placebo - au demeurant indispensable, par quelque côté, à l'évaluation des substances organiques - nous ne comptions que l'expérimentateur et le médicament en puissance. Avec le psychotrope, ne devons-nous pas, plus particulièrement, introduire l'opérateur décisif, le patient lui-même qui parvient à brouiller le processus ? Mais le pire est à venir : la non-compliance (c'est-à-dire la non-adhésion au traitement, son arrêt ou même son refus) qui signe le désaccord entre ceux qui prescrivent et ceux qui consomment. Souvent, l'apparition d'effets secondaires désagréables l'emporte et explique la suspension médicamenteuse. Philippe Pignarre en profite pour développer l'idée (originale) qui lui appartient et qui ressort de ce qui précède : celle de l'importance du malade, vu jusqu'alors comme trop passif, comme un être affaibli et soumis, alors qu'il convient de le tenir pour un expert capable de résister aux experts. L'auteur a réussi à désenclaver la médecine ou la psychiatrie, l'ouvrir à d'autres disciplines (l'anthropologie voire l'ethnopsychiatrie, ici, plus particulièrement, la sociologie dynamique des consommateurs ou même des prescripteurs). (Extrait du document)
Affiliation :
Univ. de Paris 8
France. France.
France. France.
Cote :
L00242