La seule approche qui prévaut sur la question des drogues en Afghanistan concerne la production illicite d'opium et est formulée en termes de sécurité. La guerre contre le terrorisme, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, entretient des liens étroits, voire incestueux, avec la guerre à la drogue, la fameuse war on drugs, lancée par le président Nixon en 1971 et qui constitue toujours l'horizon indépassable de la pensée géopolitique des dirigeants mondiaux en la matière. [...] Pourtant, une autre menace pèse sur l'Afghanistan en matière de drogues, menace qui a longtemps été occultée par les Afghans eux-mêmes et la communauté internationale : l'augmentation inquiétante du nombre de consommateurs de drogues, associée à une diversification des parcours dans la toxicomanie. Cette menace est bien réelle et offre à tout observateur qui veut bien s'y intéresser des signes évidents qu'elle est déjà fortement installée dans le pays. Tout autant sinon plus que les problèmes liés à la production, elle fait peser sur l'avenir à court et moyen terme du pays des obstacles dirimants pour les stratégies de reconstruction et de développement. Toutefois, si la situation nécessite une approche lucide et une intervention urgente, l'heure n'est pas au pessimisme, car il n'est pas trop tard pour agir afin de, là comme dans d'autres domaines, « afghaniser » une méthode d'intervention médico-sociale qui a fait ses preuves dans le monde entier depuis près de trente ans. C'est l'objectif auquel s'est attelé Médecins du Monde (MdM) depuis avril 2006. Voyage au pays de l'opium et des héroïnomanes... (Extrait du document)