Article de Périodique
COVID-19, usages de drogues et réduction des risques. Analyse croisée des expériences et de l'impact de la pandémie en France et au Québec (2022)
(COVID-19, drug use and harm reduction. A comparative perspective from stakeholders in France and Quebec)
Auteur(s) :
JAUFFRET-ROUSTIDE, M. ;
BERTRAND, K.
Année :
2022
Page(s) :
17-42
Langue(s) :
Français
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
SAN (Santé publique / Public health)
Thésaurus géographique
FRANCE
;
QUEBEC
;
CANADA
Thésaurus mots-clés
PRODUIT ILLICITE
;
REDUCTION DES RISQUES ET DES DOMMAGES
;
EPIDEMIE
;
COMPARAISON
;
ADDICTOLOGIE
;
USAGER
;
PRATIQUE PROFESSIONNELLE
;
INEGALITE
;
CONTROLE SOCIAL
;
DISPOSITIF DE SOIN
;
ETUDE QUALITATIVE
;
ACCES AUX SOINS
;
POLITIQUE
Autres mots-clés
Résumé :
FRANÇAIS :
Les personnes utilisatrices de substances qui fréquentent les services d'addictologie et de réduction des risques font partie des publics en situation de précarité dont les vulnérabilités sont aggravées en temps de pandémie. Notre article étudie l'expérience de la pandémie par ces personnes et l'impact de celle-ci sur les pratiques professionnelles et l'action publique, comme productrice d'inégalités mais aussi d'innovations et de solidarités. La collecte de données a été réalisée en France et au Québec, incluant des entretiens semi-directifs auprès de personnes usagères de substances (France, n = 25 ; Québec, n = 15) et de professionnels en addictologie et réduction des risques (France, n = 25 ; Québec, n = 18). Une approche théorique pragmatiste a été mise en oeuvre et analyse les niveaux macro et micro ensemble et de manière réflexive. Dès le premier confinement, les dispositifs professionnels ont tenté au mieux d'organiser une continuité de services afin de répondre aux besoins des usagers dans un contexte d'urgence sanitaire : par le déploiement de l'accès à l'hébergement, le développement de la téléconsultation afin d'assurer la continuité des soins. Des innovations ont été réalisées par des collaborations entre acteurs sur l'hébergement ou sur l'inclusion accélérée de la réduction des risques (alcool et approvisionnement sécuritaire) dans les centres d'hébergement. Des difficultés ont été également observées en lien avec des contraintes organisationnelles. Les usagers se sont bien approprié les mesures de prévention. Ils ont subi des logiques de contrôle social dans les champs sanitaire et répressif. Au-delà des vulnérabilités apportées par la COVID-19, des adaptations peuvent également constituer des opportunités de création de solidarités entre usagers et professionnels, des espaces favorables aux innovations professionnelles, et des nouveaux modes de collaboration et d'organisation entre acteurs.
ENGLISH:
People who use psychoactive substances and who attend drug treatment and harm reduction services represent groups whose vulnerabilities are exacerbated during a pandemic. We study the pandemic experience of people with problematic substance use and its impact on professional practices and policies, with an eye towards vulnerability and innovations. This comparative study was conducted in France and Quebec via semi-structured interviews with substance users (France, n=25 ; Quebec, n=15) and care and harm reduction providers (France, n=25 ; Quebec, n=18). We employ a pragmatist theoretical approach that reflexively analyzes the macro and micro levels together. During the first lockdown, professionals tried their best to organize a continuity of service to meet the needs of people in a context of a health emergency via the deployment of access to accommodation and the development of teleconsultation to ensure continuity of care. Innovative collaborations between actors occurred related to accommodation or the inclusion of harm reduction (alcohol and safe supply) in shelters. Difficulties were observed stemming from organizational constraints. Individuals adopted the preventive measures and had to endure social control both in the health and repressive fields. Beyond the vulnerabilities produced by COVID-19, adaptations also constitute opportunities for solidarity between users and professionals, professional innovations, as well as new modes of collaboration and inter-actor organization.
Les personnes utilisatrices de substances qui fréquentent les services d'addictologie et de réduction des risques font partie des publics en situation de précarité dont les vulnérabilités sont aggravées en temps de pandémie. Notre article étudie l'expérience de la pandémie par ces personnes et l'impact de celle-ci sur les pratiques professionnelles et l'action publique, comme productrice d'inégalités mais aussi d'innovations et de solidarités. La collecte de données a été réalisée en France et au Québec, incluant des entretiens semi-directifs auprès de personnes usagères de substances (France, n = 25 ; Québec, n = 15) et de professionnels en addictologie et réduction des risques (France, n = 25 ; Québec, n = 18). Une approche théorique pragmatiste a été mise en oeuvre et analyse les niveaux macro et micro ensemble et de manière réflexive. Dès le premier confinement, les dispositifs professionnels ont tenté au mieux d'organiser une continuité de services afin de répondre aux besoins des usagers dans un contexte d'urgence sanitaire : par le déploiement de l'accès à l'hébergement, le développement de la téléconsultation afin d'assurer la continuité des soins. Des innovations ont été réalisées par des collaborations entre acteurs sur l'hébergement ou sur l'inclusion accélérée de la réduction des risques (alcool et approvisionnement sécuritaire) dans les centres d'hébergement. Des difficultés ont été également observées en lien avec des contraintes organisationnelles. Les usagers se sont bien approprié les mesures de prévention. Ils ont subi des logiques de contrôle social dans les champs sanitaire et répressif. Au-delà des vulnérabilités apportées par la COVID-19, des adaptations peuvent également constituer des opportunités de création de solidarités entre usagers et professionnels, des espaces favorables aux innovations professionnelles, et des nouveaux modes de collaboration et d'organisation entre acteurs.
ENGLISH:
People who use psychoactive substances and who attend drug treatment and harm reduction services represent groups whose vulnerabilities are exacerbated during a pandemic. We study the pandemic experience of people with problematic substance use and its impact on professional practices and policies, with an eye towards vulnerability and innovations. This comparative study was conducted in France and Quebec via semi-structured interviews with substance users (France, n=25 ; Quebec, n=15) and care and harm reduction providers (France, n=25 ; Quebec, n=18). We employ a pragmatist theoretical approach that reflexively analyzes the macro and micro levels together. During the first lockdown, professionals tried their best to organize a continuity of service to meet the needs of people in a context of a health emergency via the deployment of access to accommodation and the development of teleconsultation to ensure continuity of care. Innovative collaborations between actors occurred related to accommodation or the inclusion of harm reduction (alcohol and safe supply) in shelters. Difficulties were observed stemming from organizational constraints. Individuals adopted the preventive measures and had to endure social control both in the health and repressive fields. Beyond the vulnerabilities produced by COVID-19, adaptations also constitute opportunities for solidarity between users and professionals, professional innovations, as well as new modes of collaboration and inter-actor organization.
Affiliation :
Centre d'étude des mouvements sociaux, Paris, France ; Baldy Center for Law and Social Policy, Buffalo University, USA ; British Columbia Center on Substance Use, Vancouver, Canada