Article de Périodique
La douleur chez les personnes utilisatrices de drogues : état des connaissances et enjeux socio-anthropologiques (2020)
(Pain among people who use drugs: state of knowledge and socio-anthropological issues)
Auteur(s) :
DASSIEU, L. ;
ROY, E.
Année :
2020
Page(s) :
70-99
Sous-type de document :
Revue de la littérature / Literature review
Langue(s) :
Français
Domaine :
Autres substances / Other substances ; Drogues illicites / Illicit drugs
Thésaurus mots-clés
DOULEUR
;
USAGER
;
OPIOIDES
;
AUTOMEDICATION
;
SOCIOLOGIE
;
PRISE EN CHARGE
;
PREVALENCE
;
ANTHROPOLOGIE
;
MESUSAGE
Thésaurus géographique
AMERIQUE DU NORD
;
CANADA
;
ETATS-UNIS
Résumé :
FRANÇAIS :
En réponse à la crise des opioïdes qui sévit en Amérique du Nord, plusieurs autorités sanitaires ont récemment déconseillé la prescription d'analgésiques opioïdes aux personnes ayant un historique d'utilisation de substances. Identifiées comme une population à risque de dépendance et de décès liés aux opioïdes, les personnes utilisatrices de drogues (PUD) souffrant de douleurs semblent particulièrement exposées à des difficultés de prise en charge. Une synthèse des connaissances sur les problèmes de douleur chez les PUD apparait donc hautement nécessaire dans le contexte actuel. L'objectif de cet article est de recenser et discuter la littérature disponible au sujet de (1) la prévalence de la douleur physique aiguë et chronique chez les PUD, (2) la prise en charge de leurs douleurs dans les services de santé, et (3) leurs pratiques d'automédication de la douleur. Afin d'identifier les enjeux de société et de santé publique soulevés par la douleur des PUD, nous mobilisons également des études sociologiques et anthropologiques sur l'expérience de la douleur en population générale. Ce travail souligne les difficultés de reconnaissance de la douleur des PUD par les professionnels de santé, tout en interrogeant les liens entre les barrières d'accès des PUD à une prise en charge médicale et leurs pratiques d'automédication de la douleur. En donnant l'occasion d'envisager la douleur des PUD en tant que phénomène collectif sur les plans populationnel et sociologique, cet article ouvre de nouvelles pistes pour la recherche, l'intervention auprès de PUD souffrant de douleurs, ainsi que l'orientation des politiques de santé en la matière.
ENGLISH:
As a response to the current opioid crisis in North America, several health authorities have recommended not to prescribe opioid painkillers to people with a history of substance use. People who use drugs (PWUD) suffering from chronic pain are identified as a population at risk of opioid-related mortality and addiction. As such, they are likely to experience barriers of access to pain management. In this context, a knowledge synthesis about chronic pain in PWUD is highly needed. This article aims at identifying and discussing the available literature pertaining to (1) the prevalence of acute and chronic physical pain among PWUD, (2) the management of their pain in health services, and (3) their experience with self-medication of pain. To identify the intermingling social and public health issues raised by PWUD's pain, we propose to make a link between epidemiological studies of PWUD's pain and socio-anthropological studies of pain experience in the general population. This review shows that caregivers hardly acknowledge the existence of PWUD's pain. We also examine the links between PWUD's self-medication of pain and their barriers of access to medical pain management. By offering the opportunity to consider PWUD's pain as a collective phenomenon at populational and sociological levels, this article opens new avenues for research, intervention with PWUD suffering from pain, and health policies in this area.
En réponse à la crise des opioïdes qui sévit en Amérique du Nord, plusieurs autorités sanitaires ont récemment déconseillé la prescription d'analgésiques opioïdes aux personnes ayant un historique d'utilisation de substances. Identifiées comme une population à risque de dépendance et de décès liés aux opioïdes, les personnes utilisatrices de drogues (PUD) souffrant de douleurs semblent particulièrement exposées à des difficultés de prise en charge. Une synthèse des connaissances sur les problèmes de douleur chez les PUD apparait donc hautement nécessaire dans le contexte actuel. L'objectif de cet article est de recenser et discuter la littérature disponible au sujet de (1) la prévalence de la douleur physique aiguë et chronique chez les PUD, (2) la prise en charge de leurs douleurs dans les services de santé, et (3) leurs pratiques d'automédication de la douleur. Afin d'identifier les enjeux de société et de santé publique soulevés par la douleur des PUD, nous mobilisons également des études sociologiques et anthropologiques sur l'expérience de la douleur en population générale. Ce travail souligne les difficultés de reconnaissance de la douleur des PUD par les professionnels de santé, tout en interrogeant les liens entre les barrières d'accès des PUD à une prise en charge médicale et leurs pratiques d'automédication de la douleur. En donnant l'occasion d'envisager la douleur des PUD en tant que phénomène collectif sur les plans populationnel et sociologique, cet article ouvre de nouvelles pistes pour la recherche, l'intervention auprès de PUD souffrant de douleurs, ainsi que l'orientation des politiques de santé en la matière.
ENGLISH:
As a response to the current opioid crisis in North America, several health authorities have recommended not to prescribe opioid painkillers to people with a history of substance use. People who use drugs (PWUD) suffering from chronic pain are identified as a population at risk of opioid-related mortality and addiction. As such, they are likely to experience barriers of access to pain management. In this context, a knowledge synthesis about chronic pain in PWUD is highly needed. This article aims at identifying and discussing the available literature pertaining to (1) the prevalence of acute and chronic physical pain among PWUD, (2) the management of their pain in health services, and (3) their experience with self-medication of pain. To identify the intermingling social and public health issues raised by PWUD's pain, we propose to make a link between epidemiological studies of PWUD's pain and socio-anthropological studies of pain experience in the general population. This review shows that caregivers hardly acknowledge the existence of PWUD's pain. We also examine the links between PWUD's self-medication of pain and their barriers of access to medical pain management. By offering the opportunity to consider PWUD's pain as a collective phenomenon at populational and sociological levels, this article opens new avenues for research, intervention with PWUD suffering from pain, and health policies in this area.
Affiliation :
Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM), Montréal (Québec), Canada