Article de Périodique
Accompagner les jeunes en difficulté avec leurs conduites addictives. Retour sur 10 ans d'activité des consultations jeunes consommateurs (2018)
(Helping young people facing addiction issues. Review after ten years of activity of the young patient outpatient clinics)
Auteur(s) :
I. OBRADOVIC
Article en page(s) :
8-13
Refs biblio. :
20
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Langue(s) :
Français
Thésaurus géographique
FRANCE
Thésaurus mots-clés
CONSULTATION JEUNES CONSOMMATEURS
;
JEUNE
;
CANNABIS
;
ENQUETE
;
EVOLUTION
;
ACCES AUX SOINS
;
ORIENTATION
;
AGE
;
JUSTICE
;
PRISE EN CHARGE
Organismes
OFDT
Résumé :
FRANÇAIS :
Dispositif original en Europe, les consultations jeunes consommateurs (CJC) ont été mises en place en 2005, dans un contexte de hausse de l'usage du cannabis, afin d'offrir un accompagnement aux jeunes usagers de substances psychoactives et à leurs familles, souvent réticents à consulter dans un centre de soins spécialisé. Depuis son lancement, ce dispositif a fait l'objet d'un suivi, lequel permet de dresser le bilan de 10 ans d'activités.
L'analyse repose sur la comparaison de quatre exercices d'une enquête menée par questionnaire auprès de professionnels, de 2005 à 2015, dont la structure et la méthodologie sont restées quasi inchangées dans un souci de comparabilité des résultats (établis sur un socle de participation satisfaisant, compris entre 77 et 95 %). Si le principal produit à l'origine des recours reste le cannabis (80 %), les consultations au titre d'une addiction sans produit se multiplient et représentent aujourd'hui 8 %. Malgré la diversification des vecteurs de recrutement, les CJC continuent d'accueillir en majorité des hommes, âgés de 18 à 25 ans, orientés par la justice. Néanmoins, la part des mineurs tend à s'accroître, à la faveur d'une meilleure connaissance du dispositif par les parents. Parmi les plus jeunes consultants, souvent encore scolarisés, on observe une forte proportion d'élèves en filière professionnelle, tandis que la part des chômeurs et des inactifs augmente parmi les plus âgés. Moins nombreuses, les femmes présentent, à tout âge, des profils d'usage plus sévères, du fait d'un plus grand nombre de recours spontanés.
L'analyse traduit plusieurs évolutions générales à l'oeuvre dans le champ médicosocial : essor des consultations hors les murs (au plus près des publics visés), judiciarisation et précarisation du public, hausse des recours au titre d'une addiction sans produit, diversification des profils malgré la difficulté persistante de toucher certains publics, comme les jeunes usagers d'alcool.
ENGLISH:
Since its launch in 2005, the youth outpatient clinics system (CJC) has offered support for young cannabis users and users of other psychoactive substances and for their families, supposedly reluctant to address specialized treatment units. From the start, the implementation of this original setting has been monitored through a national survey which provides data on ten years of activity.
The analysis lies on four issues of a survey based on a questionnaire completed by the professionals in charge of the activity of the CJC. Its structure and methodology has remained unchanged since 2005, which guarantees a satisfactory representativeness (varying from 77% to 95%).
The main substance involved remains cannabis (80%), even though non-substance-related addictions are increasingly reported among the admissions. The sources of referral appear diversified. Male patients are predominant in the active file population and mostly referred by justice authorities. The proportion of under-18 youths, rather limited in 2005, tends to grow with the better parent understanding of the purposes of this scheme. The younger patients are likely to be frequently enrolled in vocational education, whereas the proportion of the unemployed has been steadily increasing. The ratio of males to females among clients is unbalanced. Moreover, the female outpatients report higher levels of cannabis use, often aimed at coping with stress, pain-related problems and other disorders.
This assessment reflects a number of general evolutions in the healthcare system: development of consultations on the spot, judiciarization of health issues, increasing social insecurity in the public, diversification of the psychoactive substances reported at entry, persistent difficulty to reach the most problematic populations.
Dispositif original en Europe, les consultations jeunes consommateurs (CJC) ont été mises en place en 2005, dans un contexte de hausse de l'usage du cannabis, afin d'offrir un accompagnement aux jeunes usagers de substances psychoactives et à leurs familles, souvent réticents à consulter dans un centre de soins spécialisé. Depuis son lancement, ce dispositif a fait l'objet d'un suivi, lequel permet de dresser le bilan de 10 ans d'activités.
L'analyse repose sur la comparaison de quatre exercices d'une enquête menée par questionnaire auprès de professionnels, de 2005 à 2015, dont la structure et la méthodologie sont restées quasi inchangées dans un souci de comparabilité des résultats (établis sur un socle de participation satisfaisant, compris entre 77 et 95 %). Si le principal produit à l'origine des recours reste le cannabis (80 %), les consultations au titre d'une addiction sans produit se multiplient et représentent aujourd'hui 8 %. Malgré la diversification des vecteurs de recrutement, les CJC continuent d'accueillir en majorité des hommes, âgés de 18 à 25 ans, orientés par la justice. Néanmoins, la part des mineurs tend à s'accroître, à la faveur d'une meilleure connaissance du dispositif par les parents. Parmi les plus jeunes consultants, souvent encore scolarisés, on observe une forte proportion d'élèves en filière professionnelle, tandis que la part des chômeurs et des inactifs augmente parmi les plus âgés. Moins nombreuses, les femmes présentent, à tout âge, des profils d'usage plus sévères, du fait d'un plus grand nombre de recours spontanés.
L'analyse traduit plusieurs évolutions générales à l'oeuvre dans le champ médicosocial : essor des consultations hors les murs (au plus près des publics visés), judiciarisation et précarisation du public, hausse des recours au titre d'une addiction sans produit, diversification des profils malgré la difficulté persistante de toucher certains publics, comme les jeunes usagers d'alcool.
ENGLISH:
Since its launch in 2005, the youth outpatient clinics system (CJC) has offered support for young cannabis users and users of other psychoactive substances and for their families, supposedly reluctant to address specialized treatment units. From the start, the implementation of this original setting has been monitored through a national survey which provides data on ten years of activity.
The analysis lies on four issues of a survey based on a questionnaire completed by the professionals in charge of the activity of the CJC. Its structure and methodology has remained unchanged since 2005, which guarantees a satisfactory representativeness (varying from 77% to 95%).
The main substance involved remains cannabis (80%), even though non-substance-related addictions are increasingly reported among the admissions. The sources of referral appear diversified. Male patients are predominant in the active file population and mostly referred by justice authorities. The proportion of under-18 youths, rather limited in 2005, tends to grow with the better parent understanding of the purposes of this scheme. The younger patients are likely to be frequently enrolled in vocational education, whereas the proportion of the unemployed has been steadily increasing. The ratio of males to females among clients is unbalanced. Moreover, the female outpatients report higher levels of cannabis use, often aimed at coping with stress, pain-related problems and other disorders.
This assessment reflects a number of general evolutions in the healthcare system: development of consultations on the spot, judiciarization of health issues, increasing social insecurity in the public, diversification of the psychoactive substances reported at entry, persistent difficulty to reach the most problematic populations.
Affiliation :
OFDT, France