Article de Périodique
Conduite automobile et cocaïne : bases bibliographiques pour un consensus de la Société française de toxicologie analytique (2015)
(Driving under the influence of cocaine - bibliographic data for a consensus of the French Society of Analytical Toxicology)
Auteur(s) :
ALVAREZ, J. C. ;
BOYER, J. C. ;
VERSTRAETE, A. G. ;
PELISSIER-ALICOT, A. L.
Année :
2015
Page(s) :
165-183
Sous-type de document :
Revue de la littérature / Literature review
Langue(s) :
Français
Refs biblio. :
129
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
PRO (Produits, mode d'action, méthode de dépistage / Substances, action mode, screening methods)
Thésaurus géographique
FRANCE
;
EUROPE
Thésaurus mots-clés
COCAINE
;
CONDUITE DE VEHICULE
;
TOXICOLOGIE
;
DEPISTAGE
;
PHARMACOLOGIE
;
ANALYSE CHIMIQUE
;
PHARMACOCINETIQUE
;
VOIE D'ADMINISTRATION
;
RECOMMANDATION
;
EFFET SECONDAIRE
;
SALIVE
;
MORBIDITE
Résumé :
FRANÇAIS :
La cocaïne se situe au deuxième rang des produits illicites les plus consommés en France après le cannabis. Elle est absorbée essentiellement par voie sniffée (sous forme chlorhydrate) ou fumée (sous forme base). Elle est fortement métabolisée dans l'organisme, ses principaux métabolites étant la benzoylecgonine (BZE) et l'ecgonine methylester (EME). Les méthodes de dosage reposent sur des techniques séparatives, soit liquide, soit gazeuse, couplées à une détection par spectrométrie de masse. Il est fortement conseillé de doser la cocaïne ainsi que la BZE et l'EME. En effet, la cocaïne est relativement instable in vitro, et peut se dégrader en ses métabolites sous l'action d'estérases érythrocytaires et plasmatiques. Un prélèvement sur fluorure de sodium à 2,5 % permet de diminuer cette instabilité. Pour les mêmes raisons, la conservation des prélèvements doit se faire à –20 °C plutôt qu'à +4 °C, température à laquelle apparaît une dégradation après 48 heures. Dans le cadre de la circulation routière, certains pays quantifient dans le sang total, d'autres ont choisi le plasma ou le sérum. Dans des conditions optimales de conservation, la cocaïne va persister environ 3 à 8 heures dans le sang, et jusqu'à 24 heures dans les urines. Ces délais peuvent être prolongés chez les consommateurs chroniques. La BZE est retrouvée classiquement jusqu'à 24 heures dans le sang et entre 40 et 60 heures dans les urines. Les seuils limites appliqués sont variables en fonction des pays, correspondant à des seuils analytiques et non de dangerosité. Certains pays ont un seuil imposé uniquement pour la cocaïne, comme la France (50 µg/L), alors que d'autres ont également un seuil imposé pour la BZE, comme la Belgique ou la Finlande. Il est actuellement admis que la cocaïne perturbe la capacité de conduite automobile, mais il ne ressort pas clairement de seuil de dangerosité de l'étude de la littérature. Des experts de différentes nationalités ont proposé des seuils sanguins au-delà duquel le risque d'avoir un accident ou une conduite perturbée est significativement augmenté, variant de 2 à 50 µg/L, associé ou non à des valeurs seuils pour la BZE. En France, la SFTA a proposé un seuil de 10 µg/L pour la cocaïne. Dans la plupart des études, les concentrations salivaires de cocaïne sont plus élevées que dans le sang, mais il n'existe pas de corrélation entre ces deux milieux. Les effets de la cocaïne dépendent de la quantité consommée, de la voie d'administration, de la sensibilité du sujet et des substances associées. Le craving est une composante majeure de l'addiction. Les complications peuvent être nombreuses, essentiellement de type cardiovasculaire, mais également pulmonaire, ORL, neurologique et psychiatrique.
ENGLISH:
Cocaine is the second-most consumed illegal drugs in France, after cannabis. It is mainly consumed by snorting (in hydrochloride form) or smoking (as a base). After absorption, cocaine is highly metabolized in two main metabolites, benzoylecgonine (BZE) and ecgonine methylester (EME). Assay methods are separative techniques either in liquid or gas chromatography coupled to a mass-spectrometry detection. It is highly recommended to measure cocaine and its main metabolites BZE and EME. Indeed, cocaine is relatively unstable in blood in vitro, and can be transformed into metabolites by the action of erythrocyte and plasmatic esterases. A sampling on 2.5% sodium fluoride blood tubes reduces the instability. For the same reason, samples should be conserved at –20 °C and not at +4 °C where degradation occurs after 48 hours. In the context of driving under influence, most countries quantify in whole blood but some chose plasma or serum. Under optimum conditions of conservation, cocaine will persist in blood for 3 to 8 hours, and up to 24 hours in the urine. The detection window is longer in chronic users. Benzoylecgonine is conventionally found up to 24 hours in the blood and between 40 and 60 hours in the urine. The cut-offs applied vary according to European countries. Some countries have only a cut-off for cocaine, such as France (50 µg/L), while many countries also have a cut-off for BZE, such as Belgium or Finland. It is now accepted that cocaine disrupts driving ability, but a danger threshold has not been clearly identified. Different experts recommended a threshold value of cocaine in the blood between 2 and 50 µg/L according to the countries from which the risk of having an accident or disturbed behavior is significantly increased. In France, the French Society of Analytical Toxicology (SFTA) proposed a threshold of 10 µg/L for cocaine. In most studies, the oral fluid concentrations of cocaine are higher than in blood, but there is no correlation between these two matrices. The effects of cocaine depend on the quantity consumed, the used route of administration, the subjects and related substances. Craving is a major component of addiction to cocaine. Complications can be very numerous, mainly cardiovascular type, but also pulmonary, ENT, neurological and psychiatric complications.
La cocaïne se situe au deuxième rang des produits illicites les plus consommés en France après le cannabis. Elle est absorbée essentiellement par voie sniffée (sous forme chlorhydrate) ou fumée (sous forme base). Elle est fortement métabolisée dans l'organisme, ses principaux métabolites étant la benzoylecgonine (BZE) et l'ecgonine methylester (EME). Les méthodes de dosage reposent sur des techniques séparatives, soit liquide, soit gazeuse, couplées à une détection par spectrométrie de masse. Il est fortement conseillé de doser la cocaïne ainsi que la BZE et l'EME. En effet, la cocaïne est relativement instable in vitro, et peut se dégrader en ses métabolites sous l'action d'estérases érythrocytaires et plasmatiques. Un prélèvement sur fluorure de sodium à 2,5 % permet de diminuer cette instabilité. Pour les mêmes raisons, la conservation des prélèvements doit se faire à –20 °C plutôt qu'à +4 °C, température à laquelle apparaît une dégradation après 48 heures. Dans le cadre de la circulation routière, certains pays quantifient dans le sang total, d'autres ont choisi le plasma ou le sérum. Dans des conditions optimales de conservation, la cocaïne va persister environ 3 à 8 heures dans le sang, et jusqu'à 24 heures dans les urines. Ces délais peuvent être prolongés chez les consommateurs chroniques. La BZE est retrouvée classiquement jusqu'à 24 heures dans le sang et entre 40 et 60 heures dans les urines. Les seuils limites appliqués sont variables en fonction des pays, correspondant à des seuils analytiques et non de dangerosité. Certains pays ont un seuil imposé uniquement pour la cocaïne, comme la France (50 µg/L), alors que d'autres ont également un seuil imposé pour la BZE, comme la Belgique ou la Finlande. Il est actuellement admis que la cocaïne perturbe la capacité de conduite automobile, mais il ne ressort pas clairement de seuil de dangerosité de l'étude de la littérature. Des experts de différentes nationalités ont proposé des seuils sanguins au-delà duquel le risque d'avoir un accident ou une conduite perturbée est significativement augmenté, variant de 2 à 50 µg/L, associé ou non à des valeurs seuils pour la BZE. En France, la SFTA a proposé un seuil de 10 µg/L pour la cocaïne. Dans la plupart des études, les concentrations salivaires de cocaïne sont plus élevées que dans le sang, mais il n'existe pas de corrélation entre ces deux milieux. Les effets de la cocaïne dépendent de la quantité consommée, de la voie d'administration, de la sensibilité du sujet et des substances associées. Le craving est une composante majeure de l'addiction. Les complications peuvent être nombreuses, essentiellement de type cardiovasculaire, mais également pulmonaire, ORL, neurologique et psychiatrique.
ENGLISH:
Cocaine is the second-most consumed illegal drugs in France, after cannabis. It is mainly consumed by snorting (in hydrochloride form) or smoking (as a base). After absorption, cocaine is highly metabolized in two main metabolites, benzoylecgonine (BZE) and ecgonine methylester (EME). Assay methods are separative techniques either in liquid or gas chromatography coupled to a mass-spectrometry detection. It is highly recommended to measure cocaine and its main metabolites BZE and EME. Indeed, cocaine is relatively unstable in blood in vitro, and can be transformed into metabolites by the action of erythrocyte and plasmatic esterases. A sampling on 2.5% sodium fluoride blood tubes reduces the instability. For the same reason, samples should be conserved at –20 °C and not at +4 °C where degradation occurs after 48 hours. In the context of driving under influence, most countries quantify in whole blood but some chose plasma or serum. Under optimum conditions of conservation, cocaine will persist in blood for 3 to 8 hours, and up to 24 hours in the urine. The detection window is longer in chronic users. Benzoylecgonine is conventionally found up to 24 hours in the blood and between 40 and 60 hours in the urine. The cut-offs applied vary according to European countries. Some countries have only a cut-off for cocaine, such as France (50 µg/L), while many countries also have a cut-off for BZE, such as Belgium or Finland. It is now accepted that cocaine disrupts driving ability, but a danger threshold has not been clearly identified. Different experts recommended a threshold value of cocaine in the blood between 2 and 50 µg/L according to the countries from which the risk of having an accident or disturbed behavior is significantly increased. In France, the French Society of Analytical Toxicology (SFTA) proposed a threshold of 10 µg/L for cocaine. In most studies, the oral fluid concentrations of cocaine are higher than in blood, but there is no correlation between these two matrices. The effects of cocaine depend on the quantity consumed, the used route of administration, the subjects and related substances. Craving is a major component of addiction to cocaine. Complications can be very numerous, mainly cardiovascular type, but also pulmonary, ENT, neurological and psychiatric complications.
Affiliation :
Pharmacologie toxicologie, université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, CHU R.-Poincaré, Garches, France
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