Le temps du premier accueil dans les locaux d'un Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) est un moment privilégié. Conscients de l'importance de ce premier rendez-vous, les différents intervenants du CSAPA Cassini (service de psychiatrie, hôpital Cochin) réfléchissent, depuis plusieurs années, à optimiser ce moment crucial de l'instauration de la prise en charge. Lors du premier semestre 2012, ils ont institué dès le premier entretien, le "co-entretien", un binôme d'intervenants aux compétences distinctes, afin d'optimiser l'évaluation globale du patient et de lui montrer combien il est important que la prise en charge soit menée en équipe. Un nouvel outil de travail dont la dynamique institutionnelle est, par ailleurs, essentielle. Selon cette équipe, la finalité de cette première rencontre est de permettre au patient de déposer sa vulnérabilité addictive, de trouver le goût d'initier une démarche thérapeutique, voire envisager de la poursuivre. Dans cet espace temporel, la personne accueillie "rassemble" le récit de sa conduite de perte de contrôle répétée, aborde ses expériences antérieures avec son lot de ressassements et de ressentiments. Elle évoque - le plus souvent, sous la forme d'un murmure ou d'un frémissement - ce qu'elle pourrait modifier, retarder ou accélérer dans sa vie dans l'éventualité de l'instauration d'un suivi thérapeutique. En lui permettant ainsi de mettre en mots son histoire singulière, les accueillants du centre ont le souci de la recevoir comme une personne unique, avec son anamnèse, son parcours addictologique et sa demande singulière de soins.