Article de Périodique
Consumption of psychoactive substances among 535 women entering a Lyon prison (France) between June 2004 and December 2008 (2012)
(Consommation de substances psychoactives chez les femmes entrant à la prison de Lyon, France entre juin 2004 et décembre 2008)
Auteur(s) :
F. SAHAJIAN ;
P. LAMOTHE ;
J. FABRY ;
P. VANHEMS
Article en page(s) :
371-381
Refs biblio. :
40
Domaine :
Alcool / Alcohol ; Autres substances / Other substances ; Drogues illicites / Illicit drugs ; Tabac / Tobacco / e-cigarette
Langue(s) :
Anglais
Discipline :
EPI (Epidémiologie / Epidemiology)
Thésaurus géographique
FRANCE
Thésaurus mots-clés
PRISON
;
INCARCERATION
;
SEXE FEMININ
;
DEPISTAGE
;
PRODUIT ILLICITE
;
MEDICAMENTS
;
PSYCHOTROPES
;
PREVALENCE
;
PSYCHOPATHOLOGIE
;
DEPENDANCE
;
ALCOOL
;
TABAC
Résumé :
FRANÇAIS :
Position du problème : En France, les données récentes sur la consommation de substances psychoactives (SPA) chez les femmes entrant en prison sont quasi inexistantes. L'objectif de notre étude était de décrire les caractéristiques des femmes entrant à la prison Montluc de Lyon et d'estimer leur consommation de SPA.
Méthodes : Entre le 1er juin 2004 et le 31 décembre 2008, parmi les 841 femmes entrant à la prison de Lyon, 535 ont pu bénéficier d'un entretien d'arrivée mené par une infirmière lors duquel un questionnaire leur était systématiquement proposé ; 306 détenues n'ont pas pu obtenir cet entretien et n'ont pas pu être incluses dans l'étude en raison d'un transfert immédiat vers une autre prison ou d'une hospitalisation urgente. Les caractéristiques socioéconomiques et pénales, la consommation de SPA ainsi que le niveau de cette consommation (occasionnelle, régulière, abusive ou dépendance) et la souffrance psychique des 535 détenues interrogées étaient systématiquement notés. Cette souffrance psychique était définie par la présence dans le discours ou dans le comportement de signes évocateurs ou de symptômes cliniques tels que anxiété, dépression, hallucinations, délire et troubles de l'humeur ou du comportement. L'analyse descriptive a été réalisée à l'aide du test du Chi² et du test exact de Fisher pour la significativité des différences de pourcentage observées.
Résultats : L'âge moyen des 534 répondantes était de 31,5 ans, 59,2 % n'avaient pas eu d'activité professionnelle continue dans les 12 mois précédant l'incarcération et 21,6 % avaient déjà été incarcérées ; 35,7 % des entrantes déclaraient une dépendance au tabac et 13,7 % à l'alcool, 6,6 % un usage régulier, abusif ou une dépendance au cannabis, 20,4 % aux médicaments psychotropes et 7,7 % aux autres drogues (héroïne, cocaïne, drogues de synthèse) dans les six mois précédant l'incarcération ; 39,2 % des consommatrices à risque déclaraient l'usage d'au moins deux produits ; 7,1 % des détenues étaient sous traitement de substitution aux opiacés. Une analyse factorielle des correspondances multiples a permis de définir et préciser les caractéristiques spécifiques de trois groupes de consommatrices de SPA.
Conclusion : Plus fréquentes chez les détenues jeunes, les consommations de SPA, assez proches de celles des entrants hommes, sont plus importantes qu'en population féminine générale et s'accompagnent très souvent d'une souffrance psychique : elles imposent un dépistage efficace dès l'entrée en détention afin de proposer aux femmes consommatrices une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique adaptée au milieu carcéral.
ENGLISH:
Background: In France, recent data on the consumption of psychoactive substances (PASs) among women entering prison are virtually nonexistent. The objective of this study was to describe the characteristics of female entrants at Montluc prison in Lyon (France) and to estimate their PAS consumption.
Methods: Between June 1, 2004 and December 31, 2008, of 841 women entering the Lyon correctional facility, 535 had an entrance interview, conducted by a nurse, during which a questionnaire was systematically proposed; 306 detainees did not have this interview and could not be included in the study because of an immediate transfer to another prison or emergency hospitalization. Socioeconomic and incarceration characteristics, PAS consumption, as well as consumption level (occasional, regular, abusive or dependence) and psychological distress of the 535 interviewed detainees were systematically noted. This psychological distress was defined by the presence in the entrant talks or behavior suggesting clinical symptoms such as anxiety, depression, delusion, delirium, and mood or behavior disorders. Descriptive analysis was undertaken with the Chi² test and Fisher's exact test for differences between the proportions observed.
Results: The average age of the 534 responding detainees was 31.5 years; 59.2% had had no ongoing professional activity in the 12 months prior to incarceration, and 21.6% had already been imprisoned before; 37.5% of the entrants reported dependence on tobacco and 13.7% on alcohol; 6.6% reported regular, abusive use or dependence on cannabis, 20.4% on psychotropic medications, and 7.7% on other drugs (heroin, cocaine, synthetic drugs) in the 6 months preceding their incarceration; 39.2% of the consumers at risk reported using at least two substances; 7.1% of detainees were on opioid substitution treatment. A multiple correspondence factor analysis was used to note specific characteristics of three groups of PAS consumers.
Conclusions: More frequent among young women detainees, overall PAS consumption was quite close to that of male entrants, was greater than in the general female population, and was very often accompanied by psychological distress. Effective screening upon entry into detention should be carried out so that female consumers can be offered psychological and/or psychiatric care adapted to a prison environment.
Position du problème : En France, les données récentes sur la consommation de substances psychoactives (SPA) chez les femmes entrant en prison sont quasi inexistantes. L'objectif de notre étude était de décrire les caractéristiques des femmes entrant à la prison Montluc de Lyon et d'estimer leur consommation de SPA.
Méthodes : Entre le 1er juin 2004 et le 31 décembre 2008, parmi les 841 femmes entrant à la prison de Lyon, 535 ont pu bénéficier d'un entretien d'arrivée mené par une infirmière lors duquel un questionnaire leur était systématiquement proposé ; 306 détenues n'ont pas pu obtenir cet entretien et n'ont pas pu être incluses dans l'étude en raison d'un transfert immédiat vers une autre prison ou d'une hospitalisation urgente. Les caractéristiques socioéconomiques et pénales, la consommation de SPA ainsi que le niveau de cette consommation (occasionnelle, régulière, abusive ou dépendance) et la souffrance psychique des 535 détenues interrogées étaient systématiquement notés. Cette souffrance psychique était définie par la présence dans le discours ou dans le comportement de signes évocateurs ou de symptômes cliniques tels que anxiété, dépression, hallucinations, délire et troubles de l'humeur ou du comportement. L'analyse descriptive a été réalisée à l'aide du test du Chi² et du test exact de Fisher pour la significativité des différences de pourcentage observées.
Résultats : L'âge moyen des 534 répondantes était de 31,5 ans, 59,2 % n'avaient pas eu d'activité professionnelle continue dans les 12 mois précédant l'incarcération et 21,6 % avaient déjà été incarcérées ; 35,7 % des entrantes déclaraient une dépendance au tabac et 13,7 % à l'alcool, 6,6 % un usage régulier, abusif ou une dépendance au cannabis, 20,4 % aux médicaments psychotropes et 7,7 % aux autres drogues (héroïne, cocaïne, drogues de synthèse) dans les six mois précédant l'incarcération ; 39,2 % des consommatrices à risque déclaraient l'usage d'au moins deux produits ; 7,1 % des détenues étaient sous traitement de substitution aux opiacés. Une analyse factorielle des correspondances multiples a permis de définir et préciser les caractéristiques spécifiques de trois groupes de consommatrices de SPA.
Conclusion : Plus fréquentes chez les détenues jeunes, les consommations de SPA, assez proches de celles des entrants hommes, sont plus importantes qu'en population féminine générale et s'accompagnent très souvent d'une souffrance psychique : elles imposent un dépistage efficace dès l'entrée en détention afin de proposer aux femmes consommatrices une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique adaptée au milieu carcéral.
ENGLISH:
Background: In France, recent data on the consumption of psychoactive substances (PASs) among women entering prison are virtually nonexistent. The objective of this study was to describe the characteristics of female entrants at Montluc prison in Lyon (France) and to estimate their PAS consumption.
Methods: Between June 1, 2004 and December 31, 2008, of 841 women entering the Lyon correctional facility, 535 had an entrance interview, conducted by a nurse, during which a questionnaire was systematically proposed; 306 detainees did not have this interview and could not be included in the study because of an immediate transfer to another prison or emergency hospitalization. Socioeconomic and incarceration characteristics, PAS consumption, as well as consumption level (occasional, regular, abusive or dependence) and psychological distress of the 535 interviewed detainees were systematically noted. This psychological distress was defined by the presence in the entrant talks or behavior suggesting clinical symptoms such as anxiety, depression, delusion, delirium, and mood or behavior disorders. Descriptive analysis was undertaken with the Chi² test and Fisher's exact test for differences between the proportions observed.
Results: The average age of the 534 responding detainees was 31.5 years; 59.2% had had no ongoing professional activity in the 12 months prior to incarceration, and 21.6% had already been imprisoned before; 37.5% of the entrants reported dependence on tobacco and 13.7% on alcohol; 6.6% reported regular, abusive use or dependence on cannabis, 20.4% on psychotropic medications, and 7.7% on other drugs (heroin, cocaine, synthetic drugs) in the 6 months preceding their incarceration; 39.2% of the consumers at risk reported using at least two substances; 7.1% of detainees were on opioid substitution treatment. A multiple correspondence factor analysis was used to note specific characteristics of three groups of PAS consumers.
Conclusions: More frequent among young women detainees, overall PAS consumption was quite close to that of male entrants, was greater than in the general female population, and was very often accompanied by psychological distress. Effective screening upon entry into detention should be carried out so that female consumers can be offered psychological and/or psychiatric care adapted to a prison environment.
Affiliation :
Service médico-psychologique régional (SMPR) des prisons de Lyon, antenne toxicomanies, centre hospitalier le Vinatier, Bron, France