Les intoxications éthyliques aiguës sont, à côté des sevrages alcooliques, l'une des principales modalités d'accès à des soins hospitaliers pour des sujets en difficulté avec l'alcool. Parfois dérangeantes ou négligées à tort, elles représentent une situation clinique à part entière où l'exercice médical doit être précis.
Objectif : décrire les caractéristiques de sujets arrivant alcoolisés à l'hôpital et chez lesquels un dosage d'alcoolémie est effectué, puis préciser l'évolution de cette population sur les dix dernières années.
Méthode : une étude descriptive longitudinale et prospective a concerné toutes les intoxications éthyliques aiguës objectivées biologiquement de janvier 2000 à décembre 2009 dans un centre hospitalier de 519 lits.
Résultats : les intoxications éthyliques aiguës représentent 3,3 % des passages en service d'urgence, avec 9 972 dosages positifs d'alcoolémie pour 5 676 personnes dénombrées en dix ans, 24,6 % chez des femmes et 75,4 % chez des hommes, de 45,9 ans d'âge moyen. Les intoxications éthyliques aiguës concernent des sujets de plus en plus âgés, avec une tendance non significative à être des femmes au fil de l'étude. La répétition des arrivées alcoolisées aux urgences ne concerne que 26 % des personnes rencontrées en dix ans, avec un taux de récidive dans l'année de 13 % à 16 %, qui ne décroît pas au fil des ans.
Discussion : la fréquence des intoxications éthyliques aiguës reste élevée à l'hôpital. Malgré la décroissance constante des consommations moyennes d'alcool en France et les procédures développées en addictologie de liaison, ni leur incidence ni leur répétition ne décroissent. Leurs particularités concernant notamment des femmes de plus en plus âgées justifient une adaptation des offres de soin.