Chapitre
Politique de santé et services de soins concernant les drogues en prison (thème spécifique 1)
Drug-related health policies and services in prison (Selected issue 1)
Auteur(s) :
OBRADOVIC, I. ;
BASTIANIC, T. ;
MICHEL, L. ;
JAUFFRET-ROUSTIDE, M.
Année :
2011
Page(s) :
181-223
Langue(s) :
Anglais
; Français
Éditeur(s) :
Saint-Denis : OFDT
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
SAN (Santé publique / Public health)
Thésaurus géographique
FRANCE
Thésaurus mots-clés
PRISON
;
POLITIQUE
;
SANTE
;
EVOLUTION
;
PROFIL SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
;
SANTE MENTALE
;
ADDICTION
;
INFECTION
;
DISPOSITIF DE SOIN
;
PREVENTION
;
REDUCTION DES RISQUES ET DES DOMMAGES
;
ACCES AUX SOINS
;
TRAITEMENT DE MAINTENANCE
;
RECOMMANDATION
Résumé :
FRANÇAIS :
Au 1er janvier 2010, on comptait, en France, 61 604 détenus répartis entre 191 établissements pénitentiaires, le chiffre le plus élevé depuis le milieu du XIXème siècle (96,8 détenus pour 100 000 habitants). Cette population comprend environ un quart de prévenus. L'état de surpopulation carcérale (108 détenus pour 100 places, en moyenne) varie considérablement entre les types d'établissements et les ressorts géographiques : il concerne surtout les maisons d'arrêt, établissements les plus nombreux dans le parc pénitentiaire, qui hébergent une majorité de prévenus (en attente d'un jugement définitif), ainsi que des condamnés à de courtes peines.
La population détenue se caractérise par un profil démographique, social et sanitaire très différent de celui de la population générale. Les troubles liés à la santé mentale et aux addictions, notamment, y sont plus élevés qu'en milieu libre : la moitié des détenus présentent des troubles anxio-dépressifs et addictifs. Les détenus sont également plus touchés par les maladies infectieuses : les personnes qui ont connu au moins un épisode d'incarcération au cours de leur vie ont ainsi un taux de prévalence de l'hépatite C presque 10 fois supérieur à celui de la population générale (7,1 % contre 0,8 %). Ces observations font apparaître une contradiction entre les objectifs posés par la loi du 18 janvier 1994 qui affirme le principe d'équivalence des soins entre le milieu fermé et le milieu libre, et la réalité des pratiques de soins en détention, déterminées par les conditions générales de fonctionnement du système carcéral et contraintes par les difficultés d'organisation des soins dans certains établissements.
Cette contribution tente d'articuler les recommandations de politique générale et de pratique clinique élaborées pour le milieu carcéral (tant par l'OMS que par les autorités françaises) à une réflexion sur les difficultés d'organisation des soins dans le contexte pénitentiaire, en soulignant l'importance d'un suivi d'information sur la prise en charge des usagers de drogues en prison.
ENGLISH:
On 1 January 2010, there were in France, 61,604 prisoners distributed among 191 prisons, the highest figure since the mid-nineteenth century (96.8 prisoners per 100,000 inhabitants). This population includes about a quarter of defendants. The state of overcrowding in prisons (108 prisoners per 100 places, on average) varies considerably between the types of institutions and geographical jurisdictions: it mainly concerns remand centres, the most numerous types of establishment in the prison system, that host a majority of defendants (pending a final decision) and of convicted of shorts imprisonment sentences.
The prison population is characterized by demographic, social and health profile very different from that of the general population. Disorders related to mental health and addictions, in particular, are higher than outside prison: half of the inmates suffer from anxio-depressive and addictive disorders. The inmates are also more affected by infectious diseases: people who have experienced at least one episode of incarceration in their lifetime have a prevalence rate of hepatitis C almost 10 times higher than the general population (7.1% vs 0.8%). These observations reveal a contradiction between the objectives set by the Act of January 18, 1994 affirming the principle of equivalence of care between the prison environment and the free environment, and the reality of care practices in detention, as determined by the terms and conditions operating the prison system and constrained by the difficulties of organization of care in some institutions.
This Selected Issue attempts to articulate the policy recommendations and clinical practice developed for the prison (both by WHO and by the French authorities) to reflect on the difficulties of organizing care in the prison context, highlighting the importance of monitoring information on the care of drug users in prison.
Au 1er janvier 2010, on comptait, en France, 61 604 détenus répartis entre 191 établissements pénitentiaires, le chiffre le plus élevé depuis le milieu du XIXème siècle (96,8 détenus pour 100 000 habitants). Cette population comprend environ un quart de prévenus. L'état de surpopulation carcérale (108 détenus pour 100 places, en moyenne) varie considérablement entre les types d'établissements et les ressorts géographiques : il concerne surtout les maisons d'arrêt, établissements les plus nombreux dans le parc pénitentiaire, qui hébergent une majorité de prévenus (en attente d'un jugement définitif), ainsi que des condamnés à de courtes peines.
La population détenue se caractérise par un profil démographique, social et sanitaire très différent de celui de la population générale. Les troubles liés à la santé mentale et aux addictions, notamment, y sont plus élevés qu'en milieu libre : la moitié des détenus présentent des troubles anxio-dépressifs et addictifs. Les détenus sont également plus touchés par les maladies infectieuses : les personnes qui ont connu au moins un épisode d'incarcération au cours de leur vie ont ainsi un taux de prévalence de l'hépatite C presque 10 fois supérieur à celui de la population générale (7,1 % contre 0,8 %). Ces observations font apparaître une contradiction entre les objectifs posés par la loi du 18 janvier 1994 qui affirme le principe d'équivalence des soins entre le milieu fermé et le milieu libre, et la réalité des pratiques de soins en détention, déterminées par les conditions générales de fonctionnement du système carcéral et contraintes par les difficultés d'organisation des soins dans certains établissements.
Cette contribution tente d'articuler les recommandations de politique générale et de pratique clinique élaborées pour le milieu carcéral (tant par l'OMS que par les autorités françaises) à une réflexion sur les difficultés d'organisation des soins dans le contexte pénitentiaire, en soulignant l'importance d'un suivi d'information sur la prise en charge des usagers de drogues en prison.
ENGLISH:
On 1 January 2010, there were in France, 61,604 prisoners distributed among 191 prisons, the highest figure since the mid-nineteenth century (96.8 prisoners per 100,000 inhabitants). This population includes about a quarter of defendants. The state of overcrowding in prisons (108 prisoners per 100 places, on average) varies considerably between the types of institutions and geographical jurisdictions: it mainly concerns remand centres, the most numerous types of establishment in the prison system, that host a majority of defendants (pending a final decision) and of convicted of shorts imprisonment sentences.
The prison population is characterized by demographic, social and health profile very different from that of the general population. Disorders related to mental health and addictions, in particular, are higher than outside prison: half of the inmates suffer from anxio-depressive and addictive disorders. The inmates are also more affected by infectious diseases: people who have experienced at least one episode of incarceration in their lifetime have a prevalence rate of hepatitis C almost 10 times higher than the general population (7.1% vs 0.8%). These observations reveal a contradiction between the objectives set by the Act of January 18, 1994 affirming the principle of equivalence of care between the prison environment and the free environment, and the reality of care practices in detention, as determined by the terms and conditions operating the prison system and constrained by the difficulties of organization of care in some institutions.
This Selected Issue attempts to articulate the policy recommendations and clinical practice developed for the prison (both by WHO and by the French authorities) to reflect on the difficulties of organizing care in the prison context, highlighting the importance of monitoring information on the care of drug users in prison.