Rapport
Libéraliser, réduire les risques, soigner ou réprimer ? L'opinion de la population suisse à l'égard de la politique en matière de drogue
Auteur(s) :
M. BERGMAN ;
S. CATTACIN ;
B. LUCAS ;
WERNLI B.
Article en page(s) :
79 p.
Refs biblio. :
13
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Langue(s) :
Français
Discipline :
SAN (Santé publique / Public health)
Thésaurus mots-clés
LIBERALISATION
;
OPINION
;
REPRESENTATION SOCIALE
;
TRAITEMENT
;
REPRESSION
;
LEGALISATION
;
ENQUETE
;
REDUCTION DES RISQUES ET DES DOMMAGES
;
PERCEPTION
;
POLITIQUE
;
PREVENTION
;
EVOLUTION
Thésaurus géographique
SUISSE
Autres mots-clés
Note générale :
Travaux et communications du département de science politique, n°8/1997, Genève, Univ. de Genève, 1997, 81 p.
Résumé :
Cette étude porte sur les perceptions et les opinions de la population suisse dans le domaine de la drogue, notamment vis à vis des mesures et des concepts qui sont discutés actuellement. Les données proviennent de trois sondages, réalisés durant les années 1990 (1991 ; 1994 ; 1997). Les résultats principaux peuvent être résumés comme suit.
La population suisse semble avoir une connaissance faible des drogues et des mesures politiques qui s'y rapportent. Cependant, elle se juge elle-même plutôt bien informée. La réceptivité potentielle vis à vis des informations est moyenne. Toutefois, elle est liée à certaines variables comme l'âge ou la connaissance d'une personne toxicomane.
Les tendances générales n'ont pas sensiblement varié depuis 1991. Les drogues illégales continuent d'être nettement moins bien acceptées que les drogues légales. Une évolution est toutefois discernable dans la problématisation, qui s'effectue de plus en plus au niveau de la société. Au début des années 90', les problèmes étaient plus fréquemment situés à un niveau individuel qu'à l'heure actuelle. Corollaire de cette évolution, l'environnement social est sujet à critiques et la volonté de recourir à la prévention s'accroît. Cela permet d'expliquer pourquoi la population s'est nettement distancée, depuis le début des années 90', des mesures visant à punir les consommateurs de drogues.
Dans le temps, la prévention et la lutte contre le trafic sont des mesures qui restent unanimement soutenues. Une analyse factorielle permet toutefois de mettre en évidence une différentiation des préférences exprimées vis à vis des autres mesures. Seuls deux facteurs sont clairement discernables durant la première moitié des années 90' (sondages 1991 et 1994) : la réduction des risques et la libéralisation. En 1997 en revanche, on peut discuter jusqu'à quatre facteurs, à savoir : la réduction des risques, la libéralisation, mais aussi le traitement et la répression.
La politique des "quatre piliers" promue par le Conseil fédéral (prévention, répression, thérapie, réduction des dommages) est soutenue par une majorité de la population. Cela ne contribue pas seulement à la rendre attractive mais aussi à la légitimer. Les concepts concurrents, repris notamment dans les deux initiatives fédérales qui visent soit une libéralisation, soit une intensification des mesures restrictives, ne bénéficient, elles, que du soutien d'une minorité de la population. On notera ici qu'il existe une affinité idéologique entre les tenants du concept de libéralisation et ceux de la politique des quatre piliers du Conseil fédéral, ce qui n'est pas le cas des tenants du concept restrictif, relativement isolés.
Différentes explications de ces différences d'opinions peuvent être avancées, malgré le fait que la préférence pour la politique des quatre piliers est indépendante de l'affiliation politique. On peut en effet mettre à jour un faible lien entre le fait de se situer politiquement à gauche et la préférence exprimée pour le concept tolérant, ainsi qu'entre se situer à droite et choisir le concept restrictif.
Des tendances similaires peuvent être décrites en ce qui concerne les valeurs. Les personnes qui ont une attitude plutôt écologiste et non nationale tendent à choisir le concept tolérant. Celles qui favorisent le traditionalisme et le bien-être économique personnel tendent à opter pour le concept restrictif.
Les régions linguistiques jouent un rôle dans l'expression des préférences. La Suisse allemande en effet se montre relativement plus tolérante que la Suisse romande et le Tessin. Toutefois, ces légères tendances sont noyées par l'acceptation générale de la politique des quatre piliers.
Enfin, les différentes opinions sur la politique en matière de drogue ne sont pas influencées par les classes sociales. Elles doivent plutôt être interprétées en terme de conflit de génération.
La population suisse semble avoir une connaissance faible des drogues et des mesures politiques qui s'y rapportent. Cependant, elle se juge elle-même plutôt bien informée. La réceptivité potentielle vis à vis des informations est moyenne. Toutefois, elle est liée à certaines variables comme l'âge ou la connaissance d'une personne toxicomane.
Les tendances générales n'ont pas sensiblement varié depuis 1991. Les drogues illégales continuent d'être nettement moins bien acceptées que les drogues légales. Une évolution est toutefois discernable dans la problématisation, qui s'effectue de plus en plus au niveau de la société. Au début des années 90', les problèmes étaient plus fréquemment situés à un niveau individuel qu'à l'heure actuelle. Corollaire de cette évolution, l'environnement social est sujet à critiques et la volonté de recourir à la prévention s'accroît. Cela permet d'expliquer pourquoi la population s'est nettement distancée, depuis le début des années 90', des mesures visant à punir les consommateurs de drogues.
Dans le temps, la prévention et la lutte contre le trafic sont des mesures qui restent unanimement soutenues. Une analyse factorielle permet toutefois de mettre en évidence une différentiation des préférences exprimées vis à vis des autres mesures. Seuls deux facteurs sont clairement discernables durant la première moitié des années 90' (sondages 1991 et 1994) : la réduction des risques et la libéralisation. En 1997 en revanche, on peut discuter jusqu'à quatre facteurs, à savoir : la réduction des risques, la libéralisation, mais aussi le traitement et la répression.
La politique des "quatre piliers" promue par le Conseil fédéral (prévention, répression, thérapie, réduction des dommages) est soutenue par une majorité de la population. Cela ne contribue pas seulement à la rendre attractive mais aussi à la légitimer. Les concepts concurrents, repris notamment dans les deux initiatives fédérales qui visent soit une libéralisation, soit une intensification des mesures restrictives, ne bénéficient, elles, que du soutien d'une minorité de la population. On notera ici qu'il existe une affinité idéologique entre les tenants du concept de libéralisation et ceux de la politique des quatre piliers du Conseil fédéral, ce qui n'est pas le cas des tenants du concept restrictif, relativement isolés.
Différentes explications de ces différences d'opinions peuvent être avancées, malgré le fait que la préférence pour la politique des quatre piliers est indépendante de l'affiliation politique. On peut en effet mettre à jour un faible lien entre le fait de se situer politiquement à gauche et la préférence exprimée pour le concept tolérant, ainsi qu'entre se situer à droite et choisir le concept restrictif.
Des tendances similaires peuvent être décrites en ce qui concerne les valeurs. Les personnes qui ont une attitude plutôt écologiste et non nationale tendent à choisir le concept tolérant. Celles qui favorisent le traditionalisme et le bien-être économique personnel tendent à opter pour le concept restrictif.
Les régions linguistiques jouent un rôle dans l'expression des préférences. La Suisse allemande en effet se montre relativement plus tolérante que la Suisse romande et le Tessin. Toutefois, ces légères tendances sont noyées par l'acceptation générale de la politique des quatre piliers.
Enfin, les différentes opinions sur la politique en matière de drogue ne sont pas influencées par les classes sociales. Elles doivent plutôt être interprétées en terme de conflit de génération.
Affiliation :
Suisse. Switzerland.
Exemplaires
Disponibilité |
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aucun exemplaire |