Périodique
Les abus de psychotropes
Auteur(s) :
TAKTAK, M. ;
BEN ZINEB, S. ;
DOUKI, S.
Année :
1998
Page(s) :
1-19
Langue(s) :
Français
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
EPI (Epidémiologie / Epidemiology)
Thésaurus mots-clés
SYNDROME DE SEVRAGE
;
MEDICAMENTS
;
EPIDEMIOLOGIE
;
PRODUIT ILLICITE
;
ALCOOL
;
PREVENTION
;
DEPENDANCE
Thésaurus géographique
TUNISIE
Note générale :
Journal Tunisien de Psychiatrie, 1998, 1, (2), 1-19
Résumé :
FRANÇAIS :
INTRODUCTION : La découverte des médicaments psychotropes entre 1950 et 1960 a constitué " lune des plus grandes révolutions du siècle ". En effet, leur apport au traitement et à la compréhension des troubles mentaux est inestimable ; il suffit de rappeler quils ont permis de vider les hôpitaux psychiatriques et délaborer les hypothèses étiopathogéniques les mieux argumentées de la maladie mentale (théorie dopaminergique de la schizophrénie, théorie monoaminergique de la dépression etc.).
Toutefois, ce sont aussi les médicaments qui se prêtent le mieux aux abus, du fait précisément de leur action privilégiée sur le psychisme. Les psychotropes se définissent, selon Delay, par leur tropisme psychologique, " cest-à-dire leur capacité de modifier lactivité mentale, sans préjuger du type de cette modification ".
Et de fait, ces dernières années ont vu une hausse jugée préoccupante de leur consommation. Et des voix de plus en plus nombreuses sélèvent, tant dans les milieux scientifiques que dans les médias ou le grand public, pour dénoncer lextension abusive de la prescription de psychotropes et lusage immodéré qui semble en être fait. Certains vont même jusquà poser la question de leur interdiction.
Deux remarques simposent demblée :
- les psychotropes ne sont pas les SEULS médicaments utilisés à des fins toxicomaniaques. " Le dictionnaire des spécialités sest révélé une véritable caverne dAli Baba pour les toxicomanes qui y ont découvert des propriétés insoupçonnées ou même des effets secondaires imprévus " (Deniker). Parmi les médicaments qui donnent lieu au maximum dabus figurent ainsi nombre dantitussifs à base de codéine ou de ses dérivés. Dans notre pays, le toxique le plus prisé, lArtane (trihexiphénydyl), nest pas à proprement parler un psychotrope mais un anticholinergique antiparkinsonien dont les toxicomanes ont découvert les propriétés agréables et psychostimulantes, plus ou moins ignorées des spécialistes.
- Labus ne concerne pas TOUS les psychotropes, loin de là ; la majorité des psychotropes et les plus importants nentraînent aucune dépendance (neuroleptiques, antidépresseurs, thymorégulateurs). Le problème dabus concerne essentiellement les sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques et, au premier chef les benzodiazépines.
De fait, les benzodiazépines se sont hissées, depuis leur commercialisation aux tous premiers rangs des médicaments les plus consommés dans le monde ; labus de benzodiazépines peut être considéré comme un véritable problème de santé Publique étant donné sa prévalence sans cesse croissante et ses multiples complications médicales, sociales et médico-légales (intoxications volontaires, accidents du travail et de la circulation, pharmacodépendance, criminogénèse etc.)
Notre propos ne concernera pas la question du recours abusif et illicite aux psychotropes à des fins toxicomaniaques, car il déborde largement le cadre des médicaments, fussent-ils, du cerveau et pose le problème général de lappétence toxicophilique. Nous nous intéresserons, surtout, en tant que professionnels de santé, à la question des risques liés à labus de psychotropes et, en particulier, au potentiel toxicomanogène ou addictif de ces produits qui sont des médicaments et des mesures à prendre pour en limiter la portée.
INTRODUCTION : La découverte des médicaments psychotropes entre 1950 et 1960 a constitué " lune des plus grandes révolutions du siècle ". En effet, leur apport au traitement et à la compréhension des troubles mentaux est inestimable ; il suffit de rappeler quils ont permis de vider les hôpitaux psychiatriques et délaborer les hypothèses étiopathogéniques les mieux argumentées de la maladie mentale (théorie dopaminergique de la schizophrénie, théorie monoaminergique de la dépression etc.).
Toutefois, ce sont aussi les médicaments qui se prêtent le mieux aux abus, du fait précisément de leur action privilégiée sur le psychisme. Les psychotropes se définissent, selon Delay, par leur tropisme psychologique, " cest-à-dire leur capacité de modifier lactivité mentale, sans préjuger du type de cette modification ".
Et de fait, ces dernières années ont vu une hausse jugée préoccupante de leur consommation. Et des voix de plus en plus nombreuses sélèvent, tant dans les milieux scientifiques que dans les médias ou le grand public, pour dénoncer lextension abusive de la prescription de psychotropes et lusage immodéré qui semble en être fait. Certains vont même jusquà poser la question de leur interdiction.
Deux remarques simposent demblée :
- les psychotropes ne sont pas les SEULS médicaments utilisés à des fins toxicomaniaques. " Le dictionnaire des spécialités sest révélé une véritable caverne dAli Baba pour les toxicomanes qui y ont découvert des propriétés insoupçonnées ou même des effets secondaires imprévus " (Deniker). Parmi les médicaments qui donnent lieu au maximum dabus figurent ainsi nombre dantitussifs à base de codéine ou de ses dérivés. Dans notre pays, le toxique le plus prisé, lArtane (trihexiphénydyl), nest pas à proprement parler un psychotrope mais un anticholinergique antiparkinsonien dont les toxicomanes ont découvert les propriétés agréables et psychostimulantes, plus ou moins ignorées des spécialistes.
- Labus ne concerne pas TOUS les psychotropes, loin de là ; la majorité des psychotropes et les plus importants nentraînent aucune dépendance (neuroleptiques, antidépresseurs, thymorégulateurs). Le problème dabus concerne essentiellement les sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques et, au premier chef les benzodiazépines.
De fait, les benzodiazépines se sont hissées, depuis leur commercialisation aux tous premiers rangs des médicaments les plus consommés dans le monde ; labus de benzodiazépines peut être considéré comme un véritable problème de santé Publique étant donné sa prévalence sans cesse croissante et ses multiples complications médicales, sociales et médico-légales (intoxications volontaires, accidents du travail et de la circulation, pharmacodépendance, criminogénèse etc.)
Notre propos ne concernera pas la question du recours abusif et illicite aux psychotropes à des fins toxicomaniaques, car il déborde largement le cadre des médicaments, fussent-ils, du cerveau et pose le problème général de lappétence toxicophilique. Nous nous intéresserons, surtout, en tant que professionnels de santé, à la question des risques liés à labus de psychotropes et, en particulier, au potentiel toxicomanogène ou addictif de ces produits qui sont des médicaments et des mesures à prendre pour en limiter la portée.
Affiliation :
Tunisie. Tunisia.
Cote :
A01371