Article de Périodique
Sport, dopage et addictions. Délimitations conceptuelles et approche épidémiologique à partir des données de la littérature (2001)
(Sports, use of performance enhancing drugs and addiction. A conceptual and epidemiological review)
Auteur(s) :
P. FRANQUES ;
M. AURIACOMBE ;
J. TIGNOL
Article en page(s) :
2S37-2S49
Sous-type de document :
Etude de synthèse / Synthetic study
Refs biblio. :
89
Domaine :
Dopage / Doping
Langue(s) :
Français
Discipline :
EPI (Epidémiologie / Epidemiology)
Thésaurus géographique
FRANCE
;
ETATS-UNIS
;
EUROPE
Thésaurus mots-clés
SPORT
;
DOPAGE
;
DEPENDANCE
;
ADDICTION
;
DEFINITION
;
PREVALENCE
;
FACTEUR DE VULNERABILITE
;
CONCEPT
Note générale :
Annales de médecine interne, 2001, 152, (Suppl. au n°7), 2S37-2S49
Résumé :
FRANÇAIS :
Objectif. - L'objectif principal était de répondre à la question le dopage sportif relève-t-il d'une pratique addictive ? Méthodologie. - Dans une première partie nous présentons et discutons les définitions du dopage et les critères diagnostiques de dépendance à une substance psychoactive tels qu'ils font actuellement consensus, et leurs facteurs de vulnérabilité éventuellement communs. Dans une deuxième partie, nous examinons les données épidémiologiques de la littérature suivant trois approches : a) études épidémiologiques sur la consommation de substances chez les adolescents et jeunes adultes sportifs et non-sportifs ; b) études de la prévalence de la dépendance aux substances dopantes chez les sportifs usagers de substances dopantes ; c) étude des antécédents de pratiques sportives des sujets dépendants en traitement. Résultats. - La consommation de substance visant à améliorer la performance est une réalité préoccupante chez les adolescents car elle est associée à des prises de risque pour la santé (échange et partage de seringues), et parait être en augmentation. Les taux ne sont pas négligeables, et si les sportifs, notamment ceux évoluant en compétition, sont les plus concernés (20 % selon certains auteurs), l'usage de substances telles que les stéroïdes anabolisants se retrouve aussi chez des non-sportifs. Par ailleurs, il n'est pas prouvé que les sportifs soient plus enclins que les non-sportifs à consommer des substances pour le plaisir. Il ne parait donc pas évident que la pratique du sport en général soit associée à une vulnérabilité particulière à la consommation de substance. Il semble plutôt se dessiner l'existence d'un sous-groupe de sujets pratiquant certains types de sport de façon intensive, qui consomment des substances dopantes et des substances dans un but hédonique, n'hésitant pas à prendre des risques pour leur santé. Ce groupe pourrait être à risque d'autant qu'il existe des arguments pour penser que des substances dopantes comme les stéroïdes anabolisants ont un potentiel addictif pouvant favoriser le développement d'une dépendance. Cependant, les rares études cliniques montrent que la survenue d'une dépendance n'est pas inéluctable puisque, même, parmi des usagers réguliers, seule la moitié satisfont aux critères de dépendance. Dans un registre voisin, une étude a retrouvé une sur-représentation de sportifs de haut niveau parmi les patients consultants pour une demande de prise en charge pour une toxicomanie à l'héroïne. Conclusion. - La très grande majorité des sportifs ne présente pas de dépendance à des substances dopantes ou psychoactives. Cependant, il semble se dégager un sous-groupe de sujets particuliers ayant une pratique sportive intensive et une consommation de substances dopantes mais aussi psychoactives autres. (A partir du résumé d'auteur)
ENGLISH :
Objective. -The main objective was to address the following question: is performance enhancing drug use in sports an addic- tive behavior? Methodology. - We first reviewed the definition of perfor- mance enhancing drug use in sports and the diagnostic criteria of substance dependence as they are currently accepted and attempted to determine a possible common factor. Secondly we reviewed epidemiological data from the literature according to three approaches: a) Epidemiological studies of substance use among sport practicing and non-practicing adolescents and young adults; b) Prevalence studies of dependence syndrome to performance enhancing drugs among performance enhancing drug users; c) Studies of previous history of sport activities among in-treatment substance dependent subjects. r Results. - Use of performance enhancing drugs is an important and increasing phenomenon among adolescents. It is sometimes associated to risk taking behaviors for health (syringe use and sharing). Competition participants are at increased risk (up to 20% according to some authors) and some substances (anabolic steroids) are also used by non-sports practicing individuals. It has not been shown that sports practicing subjects were more at risk of using addictive substances compared to non-sports practicing subjects. It is not established that practice of a sport is by itself a risk factor for substance use. However, it could be that a subgroup of individuals that practice certain types of sports in an intensive way, that use both performance enhancing drugs and addictive substances and that engage in health risk taking behaviors have an increased risk for developing a dependence syndrome to both addictive and performance enhancing drugs. This sub-group is even more at risk because some performance enhancing drugs (anabolic steroids) could increase the risk for occurrence of a substance dependence syndrome through neuro- biological actions. Yet, the few available clinical studies show that at most only half of regular users actually meet criteria for dependence. Also, one study has reported an overrepresentation of sports professionals among patients seeking treatment for heroin addiction. Conclusion. - The large majority of sports practicing subjects have no dependence to either performance enhancing or addictive drugs. However, a subgroup of individuals that practice sports intensely and makes use of both addictive and perfor mance enhancing drugs appear to be at increased risk for deve loping a substance dependence syndrome. (From the author' s abstract)
Objectif. - L'objectif principal était de répondre à la question le dopage sportif relève-t-il d'une pratique addictive ? Méthodologie. - Dans une première partie nous présentons et discutons les définitions du dopage et les critères diagnostiques de dépendance à une substance psychoactive tels qu'ils font actuellement consensus, et leurs facteurs de vulnérabilité éventuellement communs. Dans une deuxième partie, nous examinons les données épidémiologiques de la littérature suivant trois approches : a) études épidémiologiques sur la consommation de substances chez les adolescents et jeunes adultes sportifs et non-sportifs ; b) études de la prévalence de la dépendance aux substances dopantes chez les sportifs usagers de substances dopantes ; c) étude des antécédents de pratiques sportives des sujets dépendants en traitement. Résultats. - La consommation de substance visant à améliorer la performance est une réalité préoccupante chez les adolescents car elle est associée à des prises de risque pour la santé (échange et partage de seringues), et parait être en augmentation. Les taux ne sont pas négligeables, et si les sportifs, notamment ceux évoluant en compétition, sont les plus concernés (20 % selon certains auteurs), l'usage de substances telles que les stéroïdes anabolisants se retrouve aussi chez des non-sportifs. Par ailleurs, il n'est pas prouvé que les sportifs soient plus enclins que les non-sportifs à consommer des substances pour le plaisir. Il ne parait donc pas évident que la pratique du sport en général soit associée à une vulnérabilité particulière à la consommation de substance. Il semble plutôt se dessiner l'existence d'un sous-groupe de sujets pratiquant certains types de sport de façon intensive, qui consomment des substances dopantes et des substances dans un but hédonique, n'hésitant pas à prendre des risques pour leur santé. Ce groupe pourrait être à risque d'autant qu'il existe des arguments pour penser que des substances dopantes comme les stéroïdes anabolisants ont un potentiel addictif pouvant favoriser le développement d'une dépendance. Cependant, les rares études cliniques montrent que la survenue d'une dépendance n'est pas inéluctable puisque, même, parmi des usagers réguliers, seule la moitié satisfont aux critères de dépendance. Dans un registre voisin, une étude a retrouvé une sur-représentation de sportifs de haut niveau parmi les patients consultants pour une demande de prise en charge pour une toxicomanie à l'héroïne. Conclusion. - La très grande majorité des sportifs ne présente pas de dépendance à des substances dopantes ou psychoactives. Cependant, il semble se dégager un sous-groupe de sujets particuliers ayant une pratique sportive intensive et une consommation de substances dopantes mais aussi psychoactives autres. (A partir du résumé d'auteur)
ENGLISH :
Objective. -The main objective was to address the following question: is performance enhancing drug use in sports an addic- tive behavior? Methodology. - We first reviewed the definition of perfor- mance enhancing drug use in sports and the diagnostic criteria of substance dependence as they are currently accepted and attempted to determine a possible common factor. Secondly we reviewed epidemiological data from the literature according to three approaches: a) Epidemiological studies of substance use among sport practicing and non-practicing adolescents and young adults; b) Prevalence studies of dependence syndrome to performance enhancing drugs among performance enhancing drug users; c) Studies of previous history of sport activities among in-treatment substance dependent subjects. r Results. - Use of performance enhancing drugs is an important and increasing phenomenon among adolescents. It is sometimes associated to risk taking behaviors for health (syringe use and sharing). Competition participants are at increased risk (up to 20% according to some authors) and some substances (anabolic steroids) are also used by non-sports practicing individuals. It has not been shown that sports practicing subjects were more at risk of using addictive substances compared to non-sports practicing subjects. It is not established that practice of a sport is by itself a risk factor for substance use. However, it could be that a subgroup of individuals that practice certain types of sports in an intensive way, that use both performance enhancing drugs and addictive substances and that engage in health risk taking behaviors have an increased risk for developing a dependence syndrome to both addictive and performance enhancing drugs. This sub-group is even more at risk because some performance enhancing drugs (anabolic steroids) could increase the risk for occurrence of a substance dependence syndrome through neuro- biological actions. Yet, the few available clinical studies show that at most only half of regular users actually meet criteria for dependence. Also, one study has reported an overrepresentation of sports professionals among patients seeking treatment for heroin addiction. Conclusion. - The large majority of sports practicing subjects have no dependence to either performance enhancing or addictive drugs. However, a subgroup of individuals that practice sports intensely and makes use of both addictive and perfor mance enhancing drugs appear to be at increased risk for deve loping a substance dependence syndrome. (From the author' s abstract)
Affiliation :
Centre Carreire, 121 r. de la Béchade, 33076 Bordeaux cedex.
France. France.
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