Cette recherche avait pour objet de répondre à une question préoccupant l'administration et les intervenants spécialisés : l'existence en prison de prises de risque liées à la sexualité et à la consommation de drogues par voie intraveineuse. Les auteurs sont allés plus loin et montrent que ces prises de risques ne concernent pas seulement les usagers et l'institution pénitentiaire, mais interpellent le système sanitaire dans son ensemble, à l'extérieur comme en prison. Les terrains de l'étude sont : des structures bas seuil (Paris, Strasbourg, Marseille, Nantes), NA à Nantes, l'Atre à Lille, des lieux d'échange de seringues (Paris, Nantes), des centres de soins (Lille, Strasbourg), une unité de substitution hospitalière (Marseille), un service de suivi judiciaire des sortants de prison (Bobigny), une antenne toxicomanie (Nantes). Les usagers ont été rencontrés personnellement. L'objectif était de travailler sur le sens attribué par les personnes aux conduites. La précarisation des situations de vie et l'appauvrissement général pour le public rencontré sur l'ensemble des sites s'accompagnent de poly-consommation de précarité. Les auteurs ont observé un déplacement des produits sans déplacement des modes d'usage : persistance de la voie injectable, la distribution de seringues en prison coincée entre droit à la santé et interdiction d'usage, des conditions inégalitaires d'accès aux soins, des mesures de protection sexuelles insuffisantes du fait de la violence et des tabous, les pertes de supports et de droits sociaux qui mettent en cause la possibilité de se protéger. La prison apparaît comme un lieu traversé de part en part par les logiques propres au monde des drogues... Il serait souhaitable d'ouvrir des lieux d'accueil et de rencontres ouverts sur le quartier, où les usagers puissent trouver un espace de parole et participer au fonctionnement de ces lieux.