FRANÇAIS :
Réflexions sur les difficultés d'intervention lors des moments de crise au service des urgences. Il est nécessaire de différencier les crises manifestes et les crises ratées des rencontres surdéterminées par un climat d'urgence. La crise manifeste dans un sens restrictif est une modalité de présentation paroxystique du symptôme. On pense à des crises ratées si l'on considère plutôt celles-ci comme l'occasion d'un mouvement dialectisé d'un remaniement profond de toute la personnalité et du rapport à autrui. Ces crises sont des étapes nécessaires de la vie, des étapes transitoires et elles inquiètent quand le quotidien se voit infiltré de l'étrange, quand les repères sont bousculés et le caché ou refoulé revient au premier plan. Lors des contacts obligés en urgence, le recours en catastrophe aux compétences d'un spécialiste marque la fin des illusions. Les conflits qui n'ont pu se résoudre trouvent là leur ponctuation. Lors des contacts en urgence, il s'agira d'éviter l'aggravation, d'être garant de l'accalmie sans perdre les perplexités des questions qui s'expriment afin d'arriver dans un deuxième temps à l'élaboration d'un travail thérapeutique mieux codifié. Cette première investigation centrée sur l'histoire du patient et sa constitution structurelle a le risque de faire revenir, par l'idée de la décompensation psychotique, la notion de maladie. L'auteur estime finalement que lors d'une rencontre en urgence, alors que dominent le délire et l'angoisse qui évoquent des catastrophes existentielles, il s'agit de repérer quelques unes des caractéristiques et des tensions fécondes des crises évolutives. Ceci permet de mesurer ce qui sépare la simple demande d'aide de l'engagement dans une démarche de soins. C'est au prix de choisir l'une ou l'autre que la crise retrouvera une dynamique féconde ou bien se limitera à n'être qu'un avatar de la pathologie. Les propos sont illustrés par la description de 2 cas cliniques.