Périodique
Toxicomanie et VIH en Fédération de Russie. Pertinence et efficacité de l'assistance française
(Drug addiction and VIH in the Russian Federation. French assistance : its relevance and effectiveness)
Auteur(s) :
POLOMENI, P. ;
CSASZAR-GOUTCHKOFF M.
Année :
2002
Page(s) :
94-111
Langue(s) :
Français
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
MAL (Maladies infectieuses / Infectious diseases)
Thésaurus mots-clés
CONSOMMATION
;
VIH
;
EVOLUTION
;
HISTOIRE
;
MILIEU SOCIOCULTUREL
;
POUVOIRS PUBLICS
;
POLITIQUE
;
EPIDEMIOLOGIE
;
PRISE EN CHARGE
;
PROGRAMME
Thésaurus géographique
RUSSIE
Note générale :
Interventions, 2002, 19, (2), 94-111
Résumé :
FRANÇAIS :
Trois constats s'imposent d'emblée : - La Russie et, au-delà, l'Europe, est confrontée à une double épidémie toxicomanie-sida d'une exceptionnelle gravité. Elle est encore inapparente car elle est très récente. L'évolution prévisible des contaminations par l'usage de drogues et la prostitution, ainsi que l'histoire naturelle de la maladie sida, va conduire, en toute logique, à plusieurs centaines de milliers de morts chez les 15-30 ans, d'ici à 7 ans. Le choc médiatique, humain, démographique, économique va être considérable. - Le système de surveillance des épidémies est quasi inexistant. Des recueils épidémiologiques, non basés sur la désignation, doivent être construits pour déterminer l'ampleur du fléau et son évolution. Les interventions politiques et sanitaires doivent pouvoir infléchir l'épidémie. - Le système de soins est inadapté. Il s'agit parfois d'un problème de coût, comme pour les antirétroviraux. Parfois, c'est un problème d'organisation dû à la rupture politique et sociale des années 90 et souvent, pour ce qui concerne la toxicomanie, il s'agit d'une stagnation dans des raisonnements scientifiques et de choix sanitaires non opérants. En ce sens, il ne s'agit pas d'apporter des fonds à la Russie dans un cadre humanitaire, mais bien de l'accompagner sur les plans intellectuels et structurels. Le financement français a doublé en trois ans et les choix faits, sur lesquels la mission a pu avoir un regard très complet, semblent avoir répondu à plusieurs défis : - efficacité réelle dans le secteur considéré, dans les zones géographiques sélectionnées, en ce qui concerne une aide directe à des usagers, héroïnomanes ou des publics en très grande souffrance, enfants des rues, prostituées séropositives; - mise en évidence de l'utilité de certains outils de réduction des risques, montrant aussi l'absence relative de conséquences néfastes ; - construction de liens forts entre les structures, entre les villes, basées entre autres sur des formations, permettant ainsi de tendre vers un réseau de partage de connaissances et de moyens. Les structures porteuses ont utilisé de façon optimale le financement accordé et ont modélisé des actions susceptibles d'être utilisées dans le reste du pays. Des questions annexes par rapport aux priorités relevées plus haut, mais importantes pour la suite des financements, sont à résoudre dans les années à venir: la pérennisation des actions ; leur prise en charge par des associations russo-russes, et/ou par l'État russe l'implication et la coordination de l'Union européenne et de la communauté internationale pour ces interventions. (Résumé de la revue.)
ENGLISH :
First and foremost, three observations are crucial - Russia, as indeed Europe, is faced with an exceptionally serious double epidemic of drug addiction and Aids. It is not yet apparent because it is very recent. The foreseeable development of infections resulting from drug use and prostitution, as well as from the nature of the Aids disease, will logically lead to several hundreds of thousands of deaths among 15-30 year-olds within the next seven years. The media shock, along with the human, demographic and economic impact, will be considerable. - There is almost no system for monitoring epidemics. Epidemiological, non designation-based fact-gathering must be built to determine the scope of this scourge and its evolution. Political and public health interventions must achieve an impact on the epidemic. - The treatment avaible is inappropriate. Sometimes the problem is cost, as for antiretroviral drugs ; sometimes it is organization, a consequence of the political and social upheaval of the 1990s ; and often, for drug addiction, the problem arises from stagnation in scientific thinking and non-effective public health choices. As a consequence, what we have to do is not simply provide Russia with funds for humanitarian aid, but to assist the country with intellectual and structural support. French funding has doubled in three years. The mission has been able to take a very close look at the choices made, and these seem to have met several challenges, achieving: - real effectiveness in the relevant sector, and in the geographical zones selected, regarding direct aid for users and heroine addicts and population categories in acute distress, such as street children and HIV-positive prostitutes ; proven evidence that certain harm reduction tools are useful, and that the consequences of their use are relatively harmless. construction of strong links between structures and towns, based inter alia on training, making it possible to work towards a network for sharing knowledge and means. The relevant organizations made utmost use of funding received and modelized those actions that could be used in the rest of the country. The following aims, which although peripheral to the above priorities are important if funding is to continue, have to be achieved in the coming years : ensuring continuity of activities organizing handover of these to Russian associations and/or to the Russian State involvement of and coordination by the European Union and the international community regarding these interventions. (Review's abstract.)
Trois constats s'imposent d'emblée : - La Russie et, au-delà, l'Europe, est confrontée à une double épidémie toxicomanie-sida d'une exceptionnelle gravité. Elle est encore inapparente car elle est très récente. L'évolution prévisible des contaminations par l'usage de drogues et la prostitution, ainsi que l'histoire naturelle de la maladie sida, va conduire, en toute logique, à plusieurs centaines de milliers de morts chez les 15-30 ans, d'ici à 7 ans. Le choc médiatique, humain, démographique, économique va être considérable. - Le système de surveillance des épidémies est quasi inexistant. Des recueils épidémiologiques, non basés sur la désignation, doivent être construits pour déterminer l'ampleur du fléau et son évolution. Les interventions politiques et sanitaires doivent pouvoir infléchir l'épidémie. - Le système de soins est inadapté. Il s'agit parfois d'un problème de coût, comme pour les antirétroviraux. Parfois, c'est un problème d'organisation dû à la rupture politique et sociale des années 90 et souvent, pour ce qui concerne la toxicomanie, il s'agit d'une stagnation dans des raisonnements scientifiques et de choix sanitaires non opérants. En ce sens, il ne s'agit pas d'apporter des fonds à la Russie dans un cadre humanitaire, mais bien de l'accompagner sur les plans intellectuels et structurels. Le financement français a doublé en trois ans et les choix faits, sur lesquels la mission a pu avoir un regard très complet, semblent avoir répondu à plusieurs défis : - efficacité réelle dans le secteur considéré, dans les zones géographiques sélectionnées, en ce qui concerne une aide directe à des usagers, héroïnomanes ou des publics en très grande souffrance, enfants des rues, prostituées séropositives; - mise en évidence de l'utilité de certains outils de réduction des risques, montrant aussi l'absence relative de conséquences néfastes ; - construction de liens forts entre les structures, entre les villes, basées entre autres sur des formations, permettant ainsi de tendre vers un réseau de partage de connaissances et de moyens. Les structures porteuses ont utilisé de façon optimale le financement accordé et ont modélisé des actions susceptibles d'être utilisées dans le reste du pays. Des questions annexes par rapport aux priorités relevées plus haut, mais importantes pour la suite des financements, sont à résoudre dans les années à venir: la pérennisation des actions ; leur prise en charge par des associations russo-russes, et/ou par l'État russe l'implication et la coordination de l'Union européenne et de la communauté internationale pour ces interventions. (Résumé de la revue.)
ENGLISH :
First and foremost, three observations are crucial - Russia, as indeed Europe, is faced with an exceptionally serious double epidemic of drug addiction and Aids. It is not yet apparent because it is very recent. The foreseeable development of infections resulting from drug use and prostitution, as well as from the nature of the Aids disease, will logically lead to several hundreds of thousands of deaths among 15-30 year-olds within the next seven years. The media shock, along with the human, demographic and economic impact, will be considerable. - There is almost no system for monitoring epidemics. Epidemiological, non designation-based fact-gathering must be built to determine the scope of this scourge and its evolution. Political and public health interventions must achieve an impact on the epidemic. - The treatment avaible is inappropriate. Sometimes the problem is cost, as for antiretroviral drugs ; sometimes it is organization, a consequence of the political and social upheaval of the 1990s ; and often, for drug addiction, the problem arises from stagnation in scientific thinking and non-effective public health choices. As a consequence, what we have to do is not simply provide Russia with funds for humanitarian aid, but to assist the country with intellectual and structural support. French funding has doubled in three years. The mission has been able to take a very close look at the choices made, and these seem to have met several challenges, achieving: - real effectiveness in the relevant sector, and in the geographical zones selected, regarding direct aid for users and heroine addicts and population categories in acute distress, such as street children and HIV-positive prostitutes ; proven evidence that certain harm reduction tools are useful, and that the consequences of their use are relatively harmless. construction of strong links between structures and towns, based inter alia on training, making it possible to work towards a network for sharing knowledge and means. The relevant organizations made utmost use of funding received and modelized those actions that could be used in the rest of the country. The following aims, which although peripheral to the above priorities are important if funding is to continue, have to be achieved in the coming years : ensuring continuity of activities organizing handover of these to Russian associations and/or to the Russian State involvement of and coordination by the European Union and the international community regarding these interventions. (Review's abstract.)
Affiliation :
France. France.