Article de Périodique
Voyage au pays du médicalement correct (2002)
(Journey in the country of the "medically correct")
Auteur(s) :
F. OLIVET ;
L. BRAUNSHAUSEN ;
P. GOISSET
Article en page(s) :
14-19
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Langue(s) :
Français
Thésaurus mots-clés
STRUCTURE DE PROXIMITE
;
INJECTION
;
HEROINE
;
VOIE ORALE
;
PROGRAMME
;
DISTRIBUTION CONTROLEE
;
PRISE EN CHARGE
Thésaurus géographique
SUISSE
Note de contenu :
Ill.
Résumé :
FRANÇAIS :
"La terrible expérience du parc du Letten a amené la Suisse à développer une politique de réduction des risques pragmatique et audacieuse qui pourrait bien servir de modèle à l'Union Européenne." L'équipe d'Asud fait trois constats à l'issue de son voyage : 1/ ce que l'on appelle "l'expérience suisse" est avant tout l'expression d'une société opulente, riche, dotée d'infrastructures solides; 2/ contrairement aux idées reçues, ce sont les cantons de langue allemande qui ont, les premiers, développé une politique de réduction des risques : premier programme d'héroïne à Zurich en 1990, et première salle de shoot à Berne en 1986, alors qu'il faudra attendre 1995 pour le programme de Genève, et 2001 pour la salle de shoot. A noter aussi qu'à l'exception de Genève, les résultats des votations ou référendums d'initiative populaire de 1997 et 1999 ont vu la majorité des cantons francophones voter pour l'arrêt des programmes, alors que les cantons germaniques, où sont implantés l'essentiel des programmes de RdR, ont voté pour le maintien de cette politique. 3/ L'argument commercial n'est pas négligeable : parallèlement au débat sur les programmes d'héroïne s'est mis en place un véritable lobby de la culture du chanvre qui verrait bien la Suisse tenir tête à la production hollandaise. Le directeur de la salle d'injection de Genève nous apprend qu'elle s'est installée sur un espace qui était déjà utilisé par les usagers comme lieu d'injection et qu'elle a apporté une amélioration certaine de la qualité de vie des riverains. Elle ne dispose que de huit places; les usagers de cocaïne sont, après un certain temps, invités à laisser la place aux autres en raison de la difficulté à gérer le lieu occasionnée par ce produit. A Berne, l'équipe visite le programme d'héroïne (120 places, 90 patients). Il existe à Zurich un autre programme proposant de l'héroïne mais par voie orale en libération prolongée. Asud se rend également à Thun, petite ville touristique, où les autorités n'ont pas lésiné sur les moyens : programme destiné à 80 usagers, essentiellement de la région, lieu d'accueil plutôt luxueux, prise en charge médico-sociale totale : logement, emploi...- , mais toujours avec cette exigence de strict respect des règles établies (passage quotidien, retrait du permis de conduire, jamais d'héroïne à la maison...) qui amène l'équipe d'Asud à estimer que "le règlement qui régit la vie des Helvètes substitués à l'héroïne s'apparente fortement au contrôle social" et à parler de "compromis". Aujourd'hui, 1098 personnes sont "substituées" à l'héroïne grâce à 21 programmes répartis dans toute la Suisse.
"La terrible expérience du parc du Letten a amené la Suisse à développer une politique de réduction des risques pragmatique et audacieuse qui pourrait bien servir de modèle à l'Union Européenne." L'équipe d'Asud fait trois constats à l'issue de son voyage : 1/ ce que l'on appelle "l'expérience suisse" est avant tout l'expression d'une société opulente, riche, dotée d'infrastructures solides; 2/ contrairement aux idées reçues, ce sont les cantons de langue allemande qui ont, les premiers, développé une politique de réduction des risques : premier programme d'héroïne à Zurich en 1990, et première salle de shoot à Berne en 1986, alors qu'il faudra attendre 1995 pour le programme de Genève, et 2001 pour la salle de shoot. A noter aussi qu'à l'exception de Genève, les résultats des votations ou référendums d'initiative populaire de 1997 et 1999 ont vu la majorité des cantons francophones voter pour l'arrêt des programmes, alors que les cantons germaniques, où sont implantés l'essentiel des programmes de RdR, ont voté pour le maintien de cette politique. 3/ L'argument commercial n'est pas négligeable : parallèlement au débat sur les programmes d'héroïne s'est mis en place un véritable lobby de la culture du chanvre qui verrait bien la Suisse tenir tête à la production hollandaise. Le directeur de la salle d'injection de Genève nous apprend qu'elle s'est installée sur un espace qui était déjà utilisé par les usagers comme lieu d'injection et qu'elle a apporté une amélioration certaine de la qualité de vie des riverains. Elle ne dispose que de huit places; les usagers de cocaïne sont, après un certain temps, invités à laisser la place aux autres en raison de la difficulté à gérer le lieu occasionnée par ce produit. A Berne, l'équipe visite le programme d'héroïne (120 places, 90 patients). Il existe à Zurich un autre programme proposant de l'héroïne mais par voie orale en libération prolongée. Asud se rend également à Thun, petite ville touristique, où les autorités n'ont pas lésiné sur les moyens : programme destiné à 80 usagers, essentiellement de la région, lieu d'accueil plutôt luxueux, prise en charge médico-sociale totale : logement, emploi...- , mais toujours avec cette exigence de strict respect des règles établies (passage quotidien, retrait du permis de conduire, jamais d'héroïne à la maison...) qui amène l'équipe d'Asud à estimer que "le règlement qui régit la vie des Helvètes substitués à l'héroïne s'apparente fortement au contrôle social" et à parler de "compromis". Aujourd'hui, 1098 personnes sont "substituées" à l'héroïne grâce à 21 programmes répartis dans toute la Suisse.
Affiliation :
Suisse. Switzerland.