Bulletin de Périodique
Drogues, enjeux internationaux , n°1 - Mai 2011 - Réseaux criminels et cannabis indoor en Europe : maintenant la France ?
Criminal networks and indoor cannabis in Europe: has the phenomenon reached France?
Auteur(s) :
WEINBERGER, D.
Paru le :
01/05/2011
Année :
2011
Page(s) :
6 p.
Langue(s) :
Anglais
; Français
Refs biblio. :
15
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Discipline :
MAR (Marchés / Markets)
Thésaurus géographique
EUROPE
;
FRANCE
;
ROYAUME-UNI
;
PAYS-BAS
Thésaurus mots-clés
CHIFFRE D'AFFAIRES
;
CANNABIS
;
CULTURE PRIVEE
;
MARCHE DE LA DROGUE
;
ORGANISATION CRIMINELLE
;
SAISIE
;
PRODUCTION
Résumé :
FRANÇAIS :
Le 8 février 2011, à la Courneuve, une ville de la banlieue parisienne située en Seine Saint-Denis, quelque 700 plants de cannabis ont été découverts par les enquêteurs de l'OCRIEST (Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre) et de l'OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) dans une plantation clandestine dite indoor (c'est-à-dire d'intérieur). Cette usine à cannabis (cannabis factory) était en capacité de produire plus de 100 kg par an d'une nouvelle variété d'herbe : la sinsemilla.
Au prix de gros, les organisateurs de cette plantation pouvaient espérer engranger plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires annuel et des profits importants compte tenu des faibles coûts de la main d'oeuvre. Celle-ci était en effet composée d'immigrés clandestins vietnamiens, qui remboursaient leur passage en Europe en y travaillant depuis plusieurs mois dans des conditions relevant d'un véritable esclavagisme moderne.
Si cette plantation n'est pas la première à être découverte sur le territoire français, cette affaire préoccupe particulièrement les autorités, car elle ressemble trait pour trait aux modes opératoires des cannabis factories néerlandaises et britanniques. Elle pose donc une question fondamentale sur l'évolution de l'offre de l'herbe de cannabis. Alors qu'en France, celle-ci est le fait de petits cultivateurs (cannabiculteurs), produisant essentiellement pour satisfaire leurs besoins personnels, l'affaire de La Courneuve annonce-t-elle la pénétration du crime organisé, à l'instar de ce qui se passe notamment dans un certain nombre de pays en Europe, dans le secteur de la production de l'herbe ?
Pour bien comprendre les enjeux en cause, cet article dressera dans une première partie un état des lieux de la structuration du marché du cannabis en Europe, puis traitera dans un deuxième temps de la situation dans les principaux pays européens qui produisent du cannabis pour s'intéresser, dans une troisième partie, à la situation en France et aux éventuels risques criminels qui se dessinent.
ENGLISH:
On 8 February 2011 in the Courneuve, a Paris suburb in the Seine-Saint Denis department, approximately 700 cannabis plants were discovered in a clandestine indoor plantation by the investigators of the OCRIEST (Central office on illegal immigration and employment) and the OCRTIS (Central office for the repression of drug-related offences). Although this plantation was not the first to be discovered on French territory, this case was particularly troubling for the authorities because it was an operational carbon copy of Dutch and British cannabis factories. As a result, major, fundamental concern was raised regarding the development of herbal cannabis supply. While in France cannabis tends to be supplied by small growers who produce mainly for their own personal needs, the Courneuve case begs the following question: Has organised crime penetrated French herbal cannabis production like in other countries in Europe? In order to fully understand the issues raised by this question, this article will first examine the current European cannabis market structure. Thereafter, it will discuss the situation in the main cannabis- producing European countries. Finally, it will examine the situation in France and the possible criminal risks that are taking shape.
Le 8 février 2011, à la Courneuve, une ville de la banlieue parisienne située en Seine Saint-Denis, quelque 700 plants de cannabis ont été découverts par les enquêteurs de l'OCRIEST (Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre) et de l'OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) dans une plantation clandestine dite indoor (c'est-à-dire d'intérieur). Cette usine à cannabis (cannabis factory) était en capacité de produire plus de 100 kg par an d'une nouvelle variété d'herbe : la sinsemilla.
Au prix de gros, les organisateurs de cette plantation pouvaient espérer engranger plus de 400 000 euros de chiffre d'affaires annuel et des profits importants compte tenu des faibles coûts de la main d'oeuvre. Celle-ci était en effet composée d'immigrés clandestins vietnamiens, qui remboursaient leur passage en Europe en y travaillant depuis plusieurs mois dans des conditions relevant d'un véritable esclavagisme moderne.
Si cette plantation n'est pas la première à être découverte sur le territoire français, cette affaire préoccupe particulièrement les autorités, car elle ressemble trait pour trait aux modes opératoires des cannabis factories néerlandaises et britanniques. Elle pose donc une question fondamentale sur l'évolution de l'offre de l'herbe de cannabis. Alors qu'en France, celle-ci est le fait de petits cultivateurs (cannabiculteurs), produisant essentiellement pour satisfaire leurs besoins personnels, l'affaire de La Courneuve annonce-t-elle la pénétration du crime organisé, à l'instar de ce qui se passe notamment dans un certain nombre de pays en Europe, dans le secteur de la production de l'herbe ?
Pour bien comprendre les enjeux en cause, cet article dressera dans une première partie un état des lieux de la structuration du marché du cannabis en Europe, puis traitera dans un deuxième temps de la situation dans les principaux pays européens qui produisent du cannabis pour s'intéresser, dans une troisième partie, à la situation en France et aux éventuels risques criminels qui se dessinent.
ENGLISH:
On 8 February 2011 in the Courneuve, a Paris suburb in the Seine-Saint Denis department, approximately 700 cannabis plants were discovered in a clandestine indoor plantation by the investigators of the OCRIEST (Central office on illegal immigration and employment) and the OCRTIS (Central office for the repression of drug-related offences). Although this plantation was not the first to be discovered on French territory, this case was particularly troubling for the authorities because it was an operational carbon copy of Dutch and British cannabis factories. As a result, major, fundamental concern was raised regarding the development of herbal cannabis supply. While in France cannabis tends to be supplied by small growers who produce mainly for their own personal needs, the Courneuve case begs the following question: Has organised crime penetrated French herbal cannabis production like in other countries in Europe? In order to fully understand the issues raised by this question, this article will first examine the current European cannabis market structure. Thereafter, it will discuss the situation in the main cannabis- producing European countries. Finally, it will examine the situation in France and the possible criminal risks that are taking shape.
Affiliation :
Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), Paris, France