Bulletin de Périodique
Esprit , n°12 - Décembre 1998 - Violences par temps de paix
Auteur(s) :
LAGRANGE, H. ;
MONGIN, O. ;
SALAS, D. ;
GARAPON, A. ;
ROBERT, P. ;
LE MOIGNE, P.
Paru le :
01/12/1998
Année :
1998
Page(s) :
p.6-210
Langue(s) :
Français
Domaine :
Drogues illicites / Illicit drugs
Thésaurus mots-clés
VIOLENCE
;
CINEMA
;
IMAGE DU CORPS
;
CRIMINALITE
;
HEROINE
;
USAGER
;
DELINQUANCE
;
EVOLUTION
;
SEXE MASCULIN
;
JUSTICE
;
HISTOIRE
;
MINEUR
;
PJJ
;
POLITIQUE
Thésaurus géographique
FRANCE
;
EUROPE
;
ETATS-UNIS
Note de contenu :
LAGRANGE Hugues, MONGIN Olivier et SALAS Denis / Vers une dépacification des mœurs
I Recrudescence de la violence
HASSNER Pierre / Par-delà le totalitarisme et la guerre
La chute du mur de Berlin de 1989 n'a-t-elle pas créé l'illusion d'une société de plus en plus pacifiée et démocratique? Passant en revue les diverses théories sur l'évolution internationale et sociétale de la violence, Pierre Hassner souligne un double mouvement, celui de «l'embourgeoisement du barbare» qui accompagne «la barbarisation du bourgeois», et prend acte d'un nouvel équilibre entre la guerre et la paix, entre la violence interétatique et la violence interne aux nations.
MICHAUD Yves / Les deux violences régression archaïque et barbarie technologique
La violence présente aujourd'hui deux visages. À travers les massacres, les guerres ethniques et les violences urbaines, on assiste à la recrudescence d'une violence archaïque. À travers l'hypothèse de la «guerre zéro mort» chère au Pentagone et l'évolution des technologies, on observe une violence «high-tech» et futuriste. Mais cela ne veut pas dire qu'elles soient l'une et l'autre plus contrôlables.
JULLIER Laurent et SCHERER Francis / Le spectacle de la violence ou les brouillages du réel et de l'imaginaire
Les controverses sur la violence des images ne manquent pas. Loin de souscrire à l'idée que les images violentes seraient à l'origine d'une partie de la violence délinquante, les auteurs préfèrent prendre en considération la variété des publics afin de souligner que ces derniers ne sont pas tous aussi à l'aise pour traduire les déferlantes de violence à l'écran.
LAGRANGE Hugues / La pacification des mœurs et ses limites. Violence, chômage et crise de la masculinité
C'est en 1975, année qui met un terme aux Trente Glorieuses, que le mouvement historique de pacification des mœurs s'infléchit sensiblement. Qu'il s'agisse des violences exercées contre soi ou de la montée des atteintes contre les personnes, la société française entre dans un nouveau «régime de violence» dont les causes sont multiples: apparition du chômage de longue durée, fragilisation du corps masculin et de l'autorité familiale, crise de l'initiation adolescente.
II Répondre à la demande de sécurité
MARCUS Michel et Catherine VOURC'H / La sécurité comme bien commun
La demande de sécurité rime-t-elle automatiquement avec urgence sécuritaire? Après des décennies de refoulement de cette question, il est essentiel de rappeler que le respect de la sécurité collective est un bien commun. Si la demande de sécurité contemporaine n'est pas illégitime selon les responsables du Forum européen pour la sécurité urbaine, encore faut-il rappeler que ce bien commun ne doit pas prévaloir sur les autres et tirer à lui les politiques sociales.
DRAY Dominique / L'imaginaire de la sanction chez les victimes d'agression
La parole des victimes et de leurs familiers évolue dans le temps. Juste après l'agression, elle vise surtout à conjurer le traumatisme subi. Ensuite, elle s'efforce de mieux comprendre les raisons et ressorts de celle-ci. Mais l'activisme judiciaire, qui répond lui-même à la demande sécuritaire, intervient souvent en temps réel, comme si ne comptait que la première réaction de la victime.
GARAPON Antoine / Que signifie maintenir l'ordre?
Maintenir l'ordre : voilà une question qui séparait d'emblée ceux qui faisaient l'apologie du désordre et les partisans d'un ordre autoritaire. Une réflexion sur le maintien de l'ordre policier doit aujourd'hui permettre de saisir qu'il y a des manières plus ou moins démocratiques de faire respecter l'ordre.
III Face à la montée de la pénalisation
ROBERT Philippe / Le monopole pénal de l'État
L'État a-t-il renoncé au profit des polices privées à exercer l'une de ses missions majeures, qui consiste à faire respecter la sécurité? En passant en revue le rôle pénal de l'État depuis l'Ancien Régime, Philippe Robert rappelle qu'il en a le monopole et que la généralisation des polices privées n'est pas sans se heurter à des contradictions.
LAGRANGE Hugues / Politiques carcérales une comparaison Europe-États-Unis
Les sociétés européennes sont-elles sur la même pente que les États-Unis? Sont-elles en train de développer un monde carcéral de plus en plus important et monstrueux? Tout en refusant cette thèse, Hugues Lagrange souligne qu'aux États-Unis prédomine la volonté de se débarrasser massivement d'une partie de la population, les Noirs, dont on a peur. Le débat ne porte donc plus sur le recours à la prison comme moyen de faire baisser la criminalité.
LE MOIGNE Philippe / Les mineurs multirécidivistes. Un regard sur l'organisation de la décision judiciaire
Se penchant sur l'organisation institutionnelle de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), cette approche sociologique souligne que la multiplicité des acteurs susceptibles d'intervenir (de l'éducateur au politique en passant par le juge, dont l'autorité est plus ou moins affaiblie) fait entrer certains jeunes dans une course à la délinquance et contribue à les transformer en multirécidivistes. Comme si la délinquance était une forme de socialisation... dont la prison est le débouché.
MONGIN Olivier et SALAS Denis / Entre le tout répressif et le tout éducatif, quelles alternatives À propos de la justice des mineurs
Faut-il se contenter d'opposer la politique éducative de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) marquée par l'ordonnance de 1945 et la politique de la ville qui en a perturbé l'équilibre? Faut-il renforcer l'opposition interne à l'institution judiciaire entre juges des enfants (siège) et parquet (ministère public désireux de répondre en temps réel)? Ce texte évoque à la fois le contexte historique et les scénarios possibles avant de souligner le rôle qui devrait être aujourd'hui celui des juges des enfants. (Encart Violence des jeunes : les contrats locaux de sécurité, p.205)
I Recrudescence de la violence
HASSNER Pierre / Par-delà le totalitarisme et la guerre
La chute du mur de Berlin de 1989 n'a-t-elle pas créé l'illusion d'une société de plus en plus pacifiée et démocratique? Passant en revue les diverses théories sur l'évolution internationale et sociétale de la violence, Pierre Hassner souligne un double mouvement, celui de «l'embourgeoisement du barbare» qui accompagne «la barbarisation du bourgeois», et prend acte d'un nouvel équilibre entre la guerre et la paix, entre la violence interétatique et la violence interne aux nations.
MICHAUD Yves / Les deux violences régression archaïque et barbarie technologique
La violence présente aujourd'hui deux visages. À travers les massacres, les guerres ethniques et les violences urbaines, on assiste à la recrudescence d'une violence archaïque. À travers l'hypothèse de la «guerre zéro mort» chère au Pentagone et l'évolution des technologies, on observe une violence «high-tech» et futuriste. Mais cela ne veut pas dire qu'elles soient l'une et l'autre plus contrôlables.
JULLIER Laurent et SCHERER Francis / Le spectacle de la violence ou les brouillages du réel et de l'imaginaire
Les controverses sur la violence des images ne manquent pas. Loin de souscrire à l'idée que les images violentes seraient à l'origine d'une partie de la violence délinquante, les auteurs préfèrent prendre en considération la variété des publics afin de souligner que ces derniers ne sont pas tous aussi à l'aise pour traduire les déferlantes de violence à l'écran.
LAGRANGE Hugues / La pacification des mœurs et ses limites. Violence, chômage et crise de la masculinité
C'est en 1975, année qui met un terme aux Trente Glorieuses, que le mouvement historique de pacification des mœurs s'infléchit sensiblement. Qu'il s'agisse des violences exercées contre soi ou de la montée des atteintes contre les personnes, la société française entre dans un nouveau «régime de violence» dont les causes sont multiples: apparition du chômage de longue durée, fragilisation du corps masculin et de l'autorité familiale, crise de l'initiation adolescente.
II Répondre à la demande de sécurité
MARCUS Michel et Catherine VOURC'H / La sécurité comme bien commun
La demande de sécurité rime-t-elle automatiquement avec urgence sécuritaire? Après des décennies de refoulement de cette question, il est essentiel de rappeler que le respect de la sécurité collective est un bien commun. Si la demande de sécurité contemporaine n'est pas illégitime selon les responsables du Forum européen pour la sécurité urbaine, encore faut-il rappeler que ce bien commun ne doit pas prévaloir sur les autres et tirer à lui les politiques sociales.
DRAY Dominique / L'imaginaire de la sanction chez les victimes d'agression
La parole des victimes et de leurs familiers évolue dans le temps. Juste après l'agression, elle vise surtout à conjurer le traumatisme subi. Ensuite, elle s'efforce de mieux comprendre les raisons et ressorts de celle-ci. Mais l'activisme judiciaire, qui répond lui-même à la demande sécuritaire, intervient souvent en temps réel, comme si ne comptait que la première réaction de la victime.
GARAPON Antoine / Que signifie maintenir l'ordre?
Maintenir l'ordre : voilà une question qui séparait d'emblée ceux qui faisaient l'apologie du désordre et les partisans d'un ordre autoritaire. Une réflexion sur le maintien de l'ordre policier doit aujourd'hui permettre de saisir qu'il y a des manières plus ou moins démocratiques de faire respecter l'ordre.
III Face à la montée de la pénalisation
ROBERT Philippe / Le monopole pénal de l'État
L'État a-t-il renoncé au profit des polices privées à exercer l'une de ses missions majeures, qui consiste à faire respecter la sécurité? En passant en revue le rôle pénal de l'État depuis l'Ancien Régime, Philippe Robert rappelle qu'il en a le monopole et que la généralisation des polices privées n'est pas sans se heurter à des contradictions.
LAGRANGE Hugues / Politiques carcérales une comparaison Europe-États-Unis
Les sociétés européennes sont-elles sur la même pente que les États-Unis? Sont-elles en train de développer un monde carcéral de plus en plus important et monstrueux? Tout en refusant cette thèse, Hugues Lagrange souligne qu'aux États-Unis prédomine la volonté de se débarrasser massivement d'une partie de la population, les Noirs, dont on a peur. Le débat ne porte donc plus sur le recours à la prison comme moyen de faire baisser la criminalité.
LE MOIGNE Philippe / Les mineurs multirécidivistes. Un regard sur l'organisation de la décision judiciaire
Se penchant sur l'organisation institutionnelle de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), cette approche sociologique souligne que la multiplicité des acteurs susceptibles d'intervenir (de l'éducateur au politique en passant par le juge, dont l'autorité est plus ou moins affaiblie) fait entrer certains jeunes dans une course à la délinquance et contribue à les transformer en multirécidivistes. Comme si la délinquance était une forme de socialisation... dont la prison est le débouché.
MONGIN Olivier et SALAS Denis / Entre le tout répressif et le tout éducatif, quelles alternatives À propos de la justice des mineurs
Faut-il se contenter d'opposer la politique éducative de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) marquée par l'ordonnance de 1945 et la politique de la ville qui en a perturbé l'équilibre? Faut-il renforcer l'opposition interne à l'institution judiciaire entre juges des enfants (siège) et parquet (ministère public désireux de répondre en temps réel)? Ce texte évoque à la fois le contexte historique et les scénarios possibles avant de souligner le rôle qui devrait être aujourd'hui celui des juges des enfants. (Encart Violence des jeunes : les contrats locaux de sécurité, p.205)